Garbage rock

Il y a des associations d'idées comme cela, qui font qu'une chose en entraînant une autre vous finissez par penser à Zazie. C'est arrivé aux plus grands. Pour nous, c'est Garbage, fleuron il y a 20 ans d'un électro-rock de producteurs qui fit autant d'effets que long feu. Les revoilà en tournée avec un nouvel album. Oui, mais et Zazie dans tout ça ?


« J'aime beaucoup Zazie » avait un jour répondu Johnny alors qu'on le questionnait dans un journal de 20h malencontreusement tombé après l'apéro sur son amour du football et l'éventuel joueur préféré qui se devait de découler de cet amour. Outre une évidente même si approximative allitération, personne ne comprit jamais ce qui avait bien pu passer par la tête de l'idole des jeunes, et l'énigme continuera longtemps d'alimenter les séminaires pour spécialistes de l'ictus amnésique, les publications de référence sur la confusion mentale et linguistique ("Les Annales du lapsus gênant", "La Lettre internationale de ton état après 12 Ricard") et autres grands bêtisiers de Noël.

« J'aime beaucoup Garbage » déclarait à peu près à la même époque Zazie alors même qu'on ne lui demandait rien. Et c'eut pu être tout aussi étonnant. Que voulait-ce dire ? Que la grande Zaza aime descendre les poubelles ? Se pique de recyclage d'épluchure de patate douce ? Point de lapsus ici, Zazie faisant référence à un groupe anglo-saxon (l'ex-producteur de Nirvana Butch Vig, deux requins de studio, une chanteuse écossaise punkisante et un gloubi-boulga de riffs et de rythmiques electro-r'n'b-métalisées à arracher les charts) dont la plupart de ses fans ignoraient alors probablement l'existence et le succès – déjà un peu révolu, c'est dire si en France, on a toujours une Micheline de retard (compter 5 ans de jet-lag).

Détritus

Bon, elle ne l'a peut-être dit qu'une fois, mais ensuite ses chansons l'ont hurlé en loop pendant des mois. On met ainsi au défi quiconque de se passer l'intégrale du Queer (ou même de Version 2.0) de Garbage, puis l'album La Zizanie (allez, on se contentera des singles Rue de la paix ou Adam et Yves), édité en 2001 par la n°10, et de ne pas voir gros comme un camion une manifestation hautement exagérée de l'amour mimétique du second pour le premier – les fans d'Astérix pourront même aller chercher bien plus loin la preuve de ce que l'on avance, dans l'album BD éponyme La Zizanie dont le méchant romain a pour nom Caïus Détritus (soit Caïus... Garbage, alors qu'on ne vienne pas nous dire que la popologie n'est pas une science troublante).


Pourquoi vous dit-on tout cela ? Parce qu'on aime beaucoup Zazie ? Sans doute, mais surtout parce qu'à repenser à Garbage, voilà tout ce qu'il reste aujourd'hui de Garbage (qui sort pourtant un album et n'a pratiquement jamais cesse de le faire), groupe météorique dans la sphère indé, un temps incontournable avant de se déliter dans la redite et l'absence d'inspiration : des tubes à la chaîne, incluant ceux d'une Zazie qui eut le mérite de comprendre leur mécanique implacable. À moins que ce ne fut justement que parce qu'il s'agissait d'une simple mécanique, comme l'est au fond le recyclage.

Garbage
À la Belle électrique dimanche 5 juin à 20h30


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