Cabaret frappé : « On présente les têtes d'affiche de demain »

Pour sa dix-huitième édition, le Cabaret frappé, incontournable temps fort musical de l'été grenoblois, change de peau en devenant 100% gratuit. Pourquoi ? On est allés poser la question (et d'autres) à Loran Stahl, responsable du festival depuis 2004.


Grand changement cette année : le festival abandonne ses soirées en deux temps (première partie gratuite sous le kiosque et concert payant sous le chapiteau) pour des soirées toutes gratuites. Pourquoi ce choix ?

Loran Stahl : C'est la volonté de la Ville de Grenoble. Comme le Cabaret frappé est un événement municipal, il est tributaire de la politique de la Ville. En dix-huit ans, il en a d'ailleurs vu passer des municipalités ! Après, cette gratuité est un choix tout à fait cohérent avec le projet de la municipalité actuelle ; comme il est cohérent que, pour harmoniser les propositions sur le territoire, la Ville ait demandé que le festival ait lieu une semaine plus tôt [pour notamment ne pas se retrouver sur la même semaine que les Rencontres Brel – NDLR]. Même si on joue maintenant sur la semaine la plus chère de tous les festivals de France !

Forcément, le travail du programmateur que vous êtes doit être différent…

L'équation est simple : en plus d'avoir maintenant un événement gratuit, on a également une contrainte budgétaire [le budget du festival est passé de 450 000 à 380 000 euros – NDLR], il faut la prendre en compte et rebattre les cartes en fonction. Je me suis alors demandé : quel est l'essentiel du propos du festival ? Ce sont les artistes, c'est la musique. Ce qui était important, c'était donc de préserver la ligne éditoriale, de continuer à positionner le Cabaret frappé là où il est aujourd'hui dans le circuit des 1500 festivals d'été, avec la petite reconnaissance qu'il a au national.

Et il est positionné où ? Sur les artistes confirmés mais pourtant pas forcément reconnus ?

Oui, on appelle ça des artistes médians. En gros, on présente les têtes d'affiche de demain. On a par exemple accueilli Rover pile au bon moment, avant qu'il n'ait le succès qu'il a aujourd'hui. Lilly Wood & the pricks pareil, Ben l'Oncle Soul pareil, Fauve aussi… Il y a toujours dans la programmation du Cabaret des artistes qui sont dans la première phase de leur carrière, avec un premier album ou une première tournée… C'est ce qui fait l'ADN du festival. On est d'ailleurs très contents de voir certains venir faire leur marché au Cabaret ! J'aime par exemple beaucoup Musilac, et je suis très heureux de retrouver chaque année chez eux des artistes qui sont passés au Cabaret avant.

[notre article sur la programmation 2016]

Vous vous offrez néanmoins quelques têtes d'affiche plus grand public, comme cette année Mickey 3D en ouverture…

Quand un festival a dix-huit ans, c'est lui qui fait les cadeaux ! L'idée est donc d'accueillir tout le monde le soir de l'ouverture avec un nom rassembleur et large, et ça permet de proposer aux gens une atmosphère qui va être là toute la semaine. Car on a des habitués au Cabaret, mais aussi une partie du public qui est volatile, qui vient pour l'ambiance et qui nous fait confiance.

Avec cette gratuité, il n'y aura donc plus de chapiteau, qui était pourtant bien pratique pour le public en cas de pluie !

Nous jouerons même s'il pleut – c'est le propre même de l'open air ! Nous aurons d'ailleurs un très beau dispositif au Jardin de Ville. Il va y avoir une belle scène, l'équivalent de celle qu'il y avait sous le chapiteau, avec la sonorisation équivalente, mais elle sera orientée différemment – dos à l'école primaire, en face du Jardin d'enfants quand on est sur scène. Il y aura aussi un écran sur la droite de la scène avec une équipe de retransmission en partenariat avec TéléGrenoble pour que les gens qui seront installés à nos terrasses et au bar – on a d'ailleurs une nouvelle scénographie, avec un bar sous le kiosque – puissent voir très bien. Et il y aura aussi un Car'baret avec des artistes qui vont jouer sur le toit d'un bus, avec une petite sono, façon swing in London ! Avec cette nouvelle configuration, on peut accueillir à peu près 8 000 personnes de manière confortable.

La semaine de festival commence le lundi 11 juillet. Mais une préouverture aura lieu le samedi 9 juillet avec Divercities

Ça aussi c'est une demande de la municipalité. Divercities est une biennale menée par la Maison de l'international avec des groupes provenant des villes jumelées avec Grenoble. Ils arrivent à Grenoble, font une résidence de création avec un groupe grenoblois – cette année The Hankies – et un arrangeur-metteur en scène. Cette création se fait à la Bobine et le résultat, qui aura la forme d'un spectacle d'1h30–2h, sera présenté en ouverture du Cabaret frappé le samedi 9 juillet.

Le Cabaret frappé
À Grenoble (Jardin de Ville) du lundi 11 au samedi 16 juillet


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