MZ : le renouveau du rap français, c'est (en partie) eux

Trio rap parisien en pleine ascension depuis quelques années, la MZ (pour Mafia Zeutrei en référence à l'arrondissement qui les a vus grandir) est parfaitement représentatif de la nouvelle génération de rappeurs qui bouscule actuellement le paysage du rap en France. À découvrir samedi à la Bifurk, et à guichets fermés.


Cela n'aura échappé à personne, le rap français connaît depuis quelques années de profondes transformations, remisant au placard la plupart des dogmes sur lesquels il s'était auparavant construit pour explorer de nouveaux horizons. Une vague de fond qui bouscule le classement des hit-parades, provoque l'ire irrémédiable des tenants du "rap à l'ancienne" et insuffle in fine un peu de vie, d'énergie et d'air frais au sein d'une scène qui s'était salement sclérosée depuis ses heures de gloire de la fin des années 1990.

Au placard donc, les instrus "boom-bap" sur fond de samples jazzy, les paroles soigneusement peaufinées pendant des heures, les textes avec du fond ou du moins l'ambition d'en avoir, et la volonté de s'inscrire dans un courant subversif ou tout du moins contestataire. Place au fun, au divertissement, aux refrains chantés lancinants vantant le sexe, la drogue et l'argent facile, et aux productions digitales importées d'Atlanta et de Chicago, parsemées de basses à faire trembler les murs.

Nouvelle donne

Alors bien sûr, présenté comme ça de manière un peu caricaturale, ce renouveau incarné par la MZ (et bien d'autres) a de quoi inquiéter ceux qui voient avant tout dans le rap le moyen d'éveiller les consciences de la jeunesse des quartiers et d'ailleurs. Mais ce serait prendre le problème à l'envers. Si le rap d'aujourd'hui ne correspond pas à vos attentes, c'est peut-être parce que ce n'a jamais été son rôle.

Cru, faussement insouciant, parfois brutal et souvent salace, le rap de la MZ a certes cédé aux sirènes de la pop, et n'atteint peut-être pas la qualité d'exécution de celui des meilleurs artistes qui l'ont précédé, mais l'important n'est finalement pas là. Plus spontané, plus décomplexé, il a su évoluer pour épouser au mieux les aspirations d'une jeunesse qui ne se retrouvait plus dans les archétypes trop codifiés de ses aînés, et souhaitait de nouveaux artistes reflétant plus fidèlement leur génération, pour le pire comme pour le meilleur. À ce titre, la mission est amplement accomplie.

MZ et L'Apprenti
À la Bifurk samedi 8 octobre à 20h30


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