Rendez-vous jeudi au cinéma Juliet Berto pour (re)découvrir le classique de Tod Browning. Cultissime.
Halloween joue à sa façon les prolongations à la Cinémathèque. Mais rien à voir avec cet écœurant cauchemar osant se réclamer de la tradition celtique, puisqu'il s'agit de créer ici une passerelle avec l'exposition présentée par le Muséum et la Casemate sous le titre Monstru'eux, vous trouvez ça normal ? En écho à ce double regard sur les êtres "hors de la norme" (ce qui permet, évidemment, d'interroger la définition de la "normalité"), la noble institution organise une soirée en deux temps.
Elle débutera par son rituel apéro-projection "Les petites formes" (une programmation de films courts assortie d'une discussion en compagnie de l'équipe) dédiée à cette inspirante thématique, et se poursuivra avec un classique du genre ; une œuvre se situant à la lisière du conte fantastique, du film noir, du drame social et de la parabole philosophique : Freaks (1932), de Tod Browning – initialement distribué en France sous le titre La Monstrueuse Parade.
Cet ancêtre du Elephant Man (1980) de Lynch s'intéresse à la condition des monstres de foire, exploités jusqu'au début du XXe siècle pour leurs singularités morphologiques : les nains, géants, microcéphales, femmes à barbe, colosses, hermaphrodites, siamois… Bref, tous ceux que la médecine antique désignait comme tératoïdes.
Browning, alors au sommet après le succès de son Dracula (1931), dépasse les attentes du studio Universal et de sa série de "monsters" imaginaires : cette fois, il ne filme pas des créatures chimériques ni des spectres de carton-pâte, mais tend un miroir cruel de réalisme au public. Et révèle que le véritable monstre de sa troupe est une femme des plus avenantes, une infâme manigancière cachant une âme hideuse sous son visage lisse. Elle sera bien sûr dûment châtiée… avant d'être généreusement "cooptée". Un classique, et une merveille bouleversante.
Freaks
Au cinéma Juliet-Berto jeudi 3 novembre à 20h