Salif Keita : bonne acoustique

L'immense chanteur malien vient parcourir son riche répertoire de musique traditionnelle mandingue à la Belle électrique, pour une soirée acoustique forcément magique. À cette occasion, on remonte le fil de son histoire.


Mise à jour : mauvaise nouvelle, le concert est annulé

___

Au début des années 1980, un vent de fraîcheur souffle sur l'hexagone : les radios deviennent libres, Jack Lang annexe le ministère de la culture et des nouveaux médias issus de l'underground explosent – Actuel en tête. Pour nourrir cette décennie bien plus intense et créative qu'on ne le dit, beaucoup de protagonistes ouvrent grand leurs yeux et leurs oreilles vers les autres continents, se détachant ainsi des modes londoniennes ou new-yorkaises.

La sono mondiale se révèle aux yeux de l'Occident et nombre d'artistes venus d'Afrique, des Antilles et d'Amérique latine traversent les océans pour propager groove et messages post-coloniaux. Parmi eux, le Malien Salif Keita, qui s'installe à Paris. Un albinos doublement rejeté car rompant la tradition en devenant chanteur, lui qui est issu d'une famille princière descendant directement du grand empereur mandingue Soundiata Keita.

DE LA CÔTE D'IVOIRE...

Né en 1949, le jeune Salif intègre à ses débuts le Rail Band de Bamako, orchestre résident animant chaque soir l'hôtel de la gare. Une école unique pour musiciens en devenir où, durant des heures, on se doit de parcourir tous les styles. Il part ensuite à Abidjan, où il fait vivre l'orchestre mythique des Ambassadeurs dont les vinyles s'arrachent aujourd'hui. Il devient une figure importante pour la jeunesse jusqu'en 1981, avant qu'Alpha Blondy n'apparaisse l'année suivante, ringardisant le son mandingue de son reggae et annonçant alors une nouvelle ère pour la Côte d'Ivoire.

Salif Keita, lui, retourne un temps au Mali avant de s'exiler en France, en 1984, après un passage très remarqué au festival Musiques Métisses d'Angoulême. Trois ans plus tard sort son premier album en solo, Soro, sur lequel il introduit les synthétiseurs. S'ensuivent les années du triomphe : Grammy, médailles et reconnaissance de ses pairs comme Carlos Santana. Pourtant, l'Ambassadeur va finir par se perdre à force de trop de synthés et d'aseptisation virant à la variété.

... AU RETOUR À BAMAKO

C'est au début du nouveau millénaire que la résurrection se fait : direction Bamako de nouveau, signature sur un nouveau label (Universal Jazz) et, surtout, sortie en 2002 de l'un de ses plus beaux disques : Moffou, l'album du retour au son traditionnel et à l'acoustique, où sa voix de rossignol prend toute son ampleur pour ce qui s'inscrit dans un grand renouveau de l'acoustique au Mali – ses compatriotes Ali Farka Touré et Toumani Diabaté suivront le même chemin avec tout autant de succès.

Depuis, il continue de sortir un album tous les trois ou quatre ans, presque tous aussi beaux. Et de défendre son très large répertoire, engagé et militant, lors de tournées mondiales où sa prestance et la beauté de son timbre attisent les foules. Un artiste majeur.

Salif Keita
À la Belle électrique mercredi 16 novembre à 20h30


<< article précédent
Une partie de campagne avec Steve'N'Seagulls