"Patinoire" : one-man-show circassien par Patrick Léonard

"Patinoire", c'est un solo entre cirque, théâtre et clown qui fonctionne parfaitement. En 1h15, son concepteur et interprète Patrick Léonard, seul en scène donc mais accompagné d'un fatras d'objets, met en place une drôle de tension qui captive autant qu'elle surprend.


Le cirque, c'est souvent une foule d'acrobates qui, sur scène, nous en mettent plein la vue avec des numéros de haute volée. C'est aussi, parfois, des formes plus intimistes qui n'en perdent pourtant pas en force, comme c'est le cas avec le spectacle Patinoire de Patrick Léonard.

Patrick Léonard ? L'un des cofondateurs et directeurs de la fameuse compagnie québécoise Les 7 doigts de la main, que l'on voit souvent dans le coin – elle sera par exemple mi-décembre au Grand Angle de Voiron avec l'excellent Traces. Un nom gage de qualité donc.

« Du rire et des larmes »

Créé en 2011, Patinoire est ainsi un seul-en-scène dans lequel Patrick Léonard fait preuve d'une inventivité folle pour faire cirque avec tout ce qui lui passe sous la main – « une grenouille, une cuillère, un ukulélé, une chaise, une table » comme noté dans la note d'intention. Mais également « du divertissement, un soupçon de désespoir et de vulnérabilité, un corps qui craque, du rire et des larmes ». Tout ça oui, et plus encore.

Plus encore car Patrick Léonard n'est pas qu'un simple interprète capable de faire des acrobaties en se tenant sur une chaise elle-même posée sur le goulot de quatre bouteilles de champagne ou d'escalader un incroyable fatras d'objets qui tiennent les uns sur les autres par on ne sait quel miracle. C'est surtout un comédien clownesque, façon Buster Keaton (pour le côté muet) ou Peter Sellers (dans le film The Party de Blake Edwards, sur un acteur maladroit propulsé dans une fête hollywoodienne), qui donne du coup une profondeur à son personnage lunaire, faussement gauche et véritablement touchant.

Comme un patineur débutant qu'on jetterait d'un coup sur la glace et qui devrait par tous les moyens rester debout. Et, soyons fou, tenter les figures les plus audacieuses. Il fait bon être frappadingue de temps en temps.

Patinoire
À l'Ilyade (Seyssinet-Pariset) mardi 29 novembre à 20h30


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