Longtemps après avoir dû quitter la maison familiale, une Libanaise exilée en Europe est de retour pour exhumer des souvenirs et élucider un mystère datant de son enfance malgré l'indifférence – voire l'hostilité du village.
Creuser le passé comme on déblaye un sol jonché de détritus ; réinvestir sa maison pour se réapproprier son histoire… La métaphore choisie par Jihane Chouaib est plutôt transparente dans ce film à certains égards austère : silences, obscurité, intériorité, permanence d'un deuil, tension continue et surtout machisme latent. Dans ce village où règne la tradition du patriarcat, Nada l'héroïne est ignorée, tandis que son frère considéré comme un messie – guère surprenant, mais toujours consternant. La réalisatrice dépeint l'inconscient d'un pays marqué par la guerre, où le refoulé a encore de beaux jours devant lui grâce à l'omerta.
Comédienne caméléon pour toutes les productions moyen-orientales, Golshifteh Farahani constitue davantage qu'une colonne vertébrale à ce film, hanté à chaque plan ou presque par sa beauté douloureuse ; elle en est quasiment la raison d'être.