« On n'a plus de directeur depuis octobre. » C'est le constat amer de la secrétaire de la MJC grenobloise Anatole France. Pourtant Karim Chamon, l'ex-patron, squatte toujours son bureau près du cours de la Libération (photo). « J'ai encore plus de travail depuis que je suis au chômage : je m'occupe des paies, de la compta… » égraine-t-il affairé dans des dossiers. En buvant son quatorzième café de la journée, il s'explique : « Je suis directeur bénévole à la MJC en attendant ma réembauche en janvier. »
Son employeur, jusque-là la fédération régionale des MJC, était en redressement judiciaire depuis mai 2016. Sans repreneur, elle vient d'être liquidée, ce qui a des conséquences sur tous les territoires. À Grenoble par exemple, quatre des sept directeurs de MJC étaient employés par elle. Ils ont tous été réembauchés par leur MJC : Anatole France (pour bientôt), Lucie Aubrac, Parmentier et Abbaye.
Aujourd'hui, le constat est sans appel : « Cela fait 3 ans qu'on dit que la fédération n'était plus viable » assène Karim Chamon, qui était syndicaliste CGT à la fédération. Frédéric Prelle, le directeur de cette dernière, analyse la situation de la sorte : « Suite aux élections municipales de 2014, certaines villes se sont désengagées du financement des MJC. La fédération n'avait plus les moyens d'assurer sa fonction d'employeur qui représentait 90% du budget. » Maintenant donc, les MJC doivent se débrouiller sans ce réseau régional.
En mairie de Grenoble, on ne parle pourtant pas de baisse de financement mais de « réajustement des modalités de conventionnement » (nous avons cherché à les joindre, mais personne n'a souhaité nous répondre). Christophe Houbron de la MJC Parmentier détaille : « Il agit sur trois volets : les subventions de fonctionnement, la fréquentation de la MJC (des enfants et des jeunes), et l'animation en direction de la jeunesse. » Cet ajustement, appliqué à toutes les MJC, a touché différemment les associations. À Abbaye, les fonds commençaient à manquer, du coup le directeur (en fin de carrière) Éric Laigneau n'a repris qu'un mi-temps jusqu'à sa retraite prochaine. La MDH (maison des habitants) Abbaye récupérera ensuite ses missions pour un an.
À la MJC Parmentier, la Ville de Grenoble a retiré 45 000 euros sur un budget de 600 000. Cette somme représente un poste d'animateur. « Heureusement, une de nos employés a décidé de reprendre ses études. Sinon, nous aurions dû licencier » assure le directeur de Parmentier. Aujourd'hui, l'association du quartier Saint-Bruno doit piocher dans ses fonds propres pour assumer ses missions. Et l'avenir ne semble pas radieux. Christophe Houbron : « On a eu une réunion avec des élus. Des baisses sont à prévoir en 2017 et 2018. » Les MJC n'ont pas fini de se faire ajuster.