Les MJC se font ajuster, à Grenoble comme dans la région

Début novembre, c'était le clap de fin pour la Fédération rhônalpine des MJC (maisons des jeunes et de la culture). Les 95 emplois de cette tentaculaire organisation (200 associations affiliées, 145 000 adhérents) sont supprimés. Résultat : quatre directeurs grenoblois se sont fait virer, et les finances ne sont pas au beau fixe.


« On n'a plus de directeur depuis octobre. » C'est le constat amer de la secrétaire de la MJC grenobloise Anatole France. Pourtant Karim Chamon, l'ex-patron, squatte toujours son bureau près du cours de la Libération (photo). « J'ai encore plus de travail depuis que je suis au chômage : je m'occupe des paies, de la compta… » égraine-t-il affairé dans des dossiers. En buvant son quatorzième café de la journée, il s'explique : « Je suis directeur bénévole à la MJC en attendant ma réembauche en janvier. »

Son employeur, jusque-là la fédération régionale des MJC, était en redressement judiciaire depuis mai 2016. Sans repreneur, elle vient d'être liquidée, ce qui a des conséquences sur tous les territoires. À Grenoble par exemple, quatre des sept directeurs de MJC étaient employés par elle. Ils ont tous été réembauchés par leur MJC : Anatole France (pour bientôt), Lucie Aubrac, Parmentier et Abbaye.

Aujourd'hui, le constat est sans appel : « Cela fait 3 ans qu'on dit que la fédération n'était plus viable » assène Karim Chamon, qui était syndicaliste CGT à la fédération. Frédéric Prelle, le directeur de cette dernière, analyse la situation de la sorte : « Suite aux élections municipales de 2014, certaines villes se sont désengagées du financement des MJC. La fédération n'avait plus les moyens d'assurer sa fonction d'employeur qui représentait 90% du budget. » Maintenant donc, les MJC doivent se débrouiller sans ce réseau régional.

« Des baisses à prévoir en 2017 et 2018 »

En mairie de Grenoble, on ne parle pourtant pas de baisse de financement mais de  « réajustement des modalités de conventionnement » (nous avons cherché à les joindre, mais personne n'a souhaité nous répondre). Christophe Houbron de la MJC Parmentier détaille : « Il agit sur trois volets : les subventions de fonctionnement, la fréquentation de la MJC (des enfants et des jeunes), et l'animation en direction de la jeunesse. » Cet ajustement, appliqué à toutes les MJC, a touché différemment les associations. À Abbaye, les fonds commençaient à manquer, du coup le directeur (en fin de carrière) Éric Laigneau n'a repris qu'un mi-temps jusqu'à sa retraite prochaine. La MDH (maison des habitants) Abbaye récupérera ensuite ses missions pour un an.

À la MJC Parmentier, la Ville de Grenoble a retiré 45 000 euros sur un budget de 600 000. Cette somme représente un poste d'animateur. « Heureusement, une de nos employés a décidé de reprendre ses études. Sinon, nous aurions dû licencier » assure le directeur de Parmentier. Aujourd'hui, l'association du quartier Saint-Bruno doit piocher dans ses fonds propres pour assumer ses missions. Et l'avenir ne semble pas radieux. Christophe Houbron : « On a eu une réunion avec des élus. Des baisses sont à prévoir en 2017 et 2018. » Les MJC n'ont pas fini de se faire ajuster.


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