En finir avec la lecture solitaire grâce à Benoît Olivier

Découvrir ou redécouvrir de grands romans des dernières années, voilà ce que propose le comédien Benoît Olivier avec son cycle de lectures à haute voix "Ma parole est donnée". Les prochaines semaines, il s'attaquera à Judith Perrignon et Édouard Louis. Rencontre.


Un soir dans une librairie du centre-ville grenoblois qui vient tout juste de fermer ses portes. Des chaises sont disposées à l'étage, entre les rayons, face à un pupitre. Des spectateurs bien informés arrivent, au compte-gouttes : ils sont tous là pour la lecture du roman Les faibles et les forts (2013) de Judith Perrignon. Celui qui va s'emparer des mots de l'écrivaine française s'appelle Benoît Olivier. Un comédien et metteur en scène qui, depuis quelques années, s'est spécialisé dans ce genre de forme artistique.

Mais pourquoi venir écouter un roman plutôt que de le lire soi-même ? Benoît Olivier nous répond : « Pour être emporté dans une histoire qu'on ne lirait pas forcément dans notre vie intime et qui, là, est portée par une voix. Et parce que le ressenti, l'imaginaire, l'impact émotionnel peuvent être différents et plus forts quand le texte est véhiculé de la sorte. » Après 1h30 intenses (Benoît Olivier a eu l'autorisation de l'auteure pour faire des coupes), on ne peut être que d'accord avec lui.

La « musicalité » des mots

D'ailleurs, on peut aussi bien découvrir une œuvre littéraire grâce à Benoît Olivier que la redécouvrir. « Si on a déjà lu le livre, on va retrouver le même univers, certes, mais colorisé de manière différente. On peut avoir une lecture subjective quand on lit silencieusement un roman, et quand on l'écoute par la voix de quelqu'un d'autre, on découvre des aspects sur lesquels on avait pu passer rapidement. »

En janvier et en février, il lira deux romans à la Guinguette : Les faibles et les forts donc, dans lequel on suit sur plusieurs générations le destin tragiques de Noirs américains, et le fameux En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d'Édouard Louis, récit à la première personne sur l'enfance douloureuse d'un garçon "efféminé" ne répondant pas aux codes sociaux de son milieu. « Ce sont deux romans forts ; ils bousculent et en même temps élèvent. » Deux romans choisis (avec goût) par Benoît Olivier pour leur sujet, mais aussi pour leur « musicalité », qu'il retransmet parfaitement. On lui en sait gré.

En finir avec Eddy Bellegueule
Mercredi 11 et 18 janvier à la Guinguette (Fontaine) à 20h30

Les faibles et les forts
Mercredi 8 et 15 février à la Guinguette (Fontaine) à 20h30


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