"La Mécanique de l'ombre" : affaires intérieures

de Thomas Kruithof (Fr.-Bel., 1h33) avec François Cluzet, Denis Podalydès, Sami Bouajila…


Solitaire, chômeur et buveur repenti, un comptable (François Cluzet) est recruté par un discret commanditaire pour retranscrire à la machine à écrire des écoutes téléphoniques enregistrées sur cassettes magnétiques. Sans le savoir, il va pénétrer dans les sordides coulisses de l'appareil d'État…

Un thriller politique s'inscrivant dans le contexte de ces officines supposées gripper ou fluidifier les rouages de notre république bénéficie forcément d'un regard bienveillant. Pas parce qu'il alimente la machine à fantasmes des complotistes (fonctionnant sans adjonction de carburant extérieur) mais parce qu'elles recèlent autant de mystères et d'interdits que les antichambres du pouvoir américaines, si largement rebattues.

Comme un creuset où se fonderaient entre elles les affaires Rondot, Squarcini, Snowden et Takieddine, cette première réalisation de Thomas Kruithof est à la fois très concrète et pétrie de symboles (tel celui du puzzle l'objet fétiche du héros ; une structure complexe rendue inopérante dès lors que la plus misérable pièce fait défaut). Esthétiquement composé en Scope, ce film à la lisière de l'enquête intérieure et de l'actualité rappelle autant les grandes heures de Boisset que certaines inspirations de Kieslowski ou de Michel Deville. Une heureuse surprise.


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