Avec "Il a déjà tes yeux", Lucien Jean-Baptiste élève la comédie française

de et avec Lucien Jean-Baptiste (Fr., 1h35) avec également Aïssa Maïga, Zabou Breitman, Vincent Elbaz…


Paul et Sali s'aiment, viennent d'ouvrir leur magasin, d'acheter leur maison et rêvent de parachever leur bonheur en étant parents. La nature étant contrariante, ils recourent aux services sociaux leur proposant d'adopter Benjamin, un blondinet, alors qu'eux sont noirs. C'est la joie pour Paul et Sali ; pas pour leur entourage…

Lucien Jean-Baptiste a trouvé là un excellent sujet, sans doute le meilleur depuis 30° Couleur : un thème de conte philosophique adapté en comédie de situation. N'étaient quelques invraisemblances grossières (un couple de commerçants débutants et, en théorie, sans fortune disposant d'un emploi du temps aussi souple qu'une gymnaste olympique, voilà qui défie le bon sens), le regard se révèle extrêmement pertinent sur les présupposés sociétaux : la norme n'est, bien souvent, qu'une question d'habitude (voir l'hilarante séquence dans la salle d'attente de la pédiatre), et la plupart des évolutions sont freinées par la peur de l'inconnu.

Croquant avec gourmandise tous les travers, le comédien-cinéaste joue adroitement avec les particularismes culturels africains (convivialité d'immeuble, tchipage et théâtralité pour les matriarches, résignation pour les pères) : la charge caricaturale est équilibrée, loin de cette fâcheuse tendance du cinéma français qui, ces derniers temps, fait ses délices de stéréotypes bien rances.

Un dernier mot sur la prestation de Vincent Elbaz, assez surprenant dans le rôle copain pot-de-colle : par sa tête et son jeu, il suggère un Philippe Rebbot criant de vérité.


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