Terrasses à Grenoble : la permission de 22h ne passe pas

Alors que la municipalité grenobloise a annoncé il y a quelques semaines l'obligation pour les nouvelles terrasses de baisser le rideau à 22 heures, les gérants de bar et de restaurant s'insurgent contre ce nouveau fonctionnement.


La mesure devait débloquer le système d'attribution des terrasses en centre-ville de Grenoble. Elle est en train de provoquer une levée de boucliers de la part des bars, cafés et restaurants de la ville. Problèmes de communication ? Symbole d'une incompréhension mutuelle ? Reste qu'entre la municipalité grenobloise, Grenoble Alpes Métropole et les commerçants, il y a (une nouvelle fois) de la friture sur la ligne.

Tout commence début décembre, quand la mairie annonce une modification du règlement portant sur le fonctionnement et l'attribution des terrasses. « Depuis que nous sommes arrivés à la tête de la mairie en 2014, il n'y avait pas eu de nouvelles attributions de terrasses » explique Élisa Martin, première adjointe à la Ville de Grenoble. « Nous avons fait le constat qu'il était compliqué de rester dans une situation où tout était bloqué et nous avons donc relancé la possibilité d'ouvrir de nouvelles terrasses. »

Installées devant les établissements qui n'en bénéficiaient pas jusque-là, ces terrasses sont soumises à une fermeture à 22 heures. Une mesure décidée pour préserver le voisinage, comme le souligne un communiqué de la mairie, appuyant sur la nécessité de développer la vie nocturne « tout en considérant que chacun a droit à la tranquillité ».

« On fait face à une mairie totalitaire »

Mais derrière cette volonté de préserver les riverains de la pollution sonore, ce nouveau fonctionnement a du mal à passer chez les propriétaires de débit de boisson et de restaurant. « On fait face à une mairie totalitaire, qui impose au lieu de consulter  » s'insurge Aymeric Ponsart, propriétaire du Keep it Weird (près de la place Saint-André) et membre de l'Union pour la protection et la sauvegarde des cafés, hôtels, restaurants de Grenoble et de l'Isère (UPPS). « Avec l'annonce qui a été faite, on pourra avoir des terrasses qui ferment à 22h et d'autres à 1 heure juste à côté. Il y aura de vraies distorsions de concurrence. »

Autre point soulevé par les commerçants : le flou concernant l'horaire de fermeture concédé après la reprise d'un établissement et la crainte qu'avec le changement de propriétaire, l'autorisation retombe à 22 heures. Aymeric Ponsart : « Nous sommes face à un vrai problème économique. Lors de la reprise d'un établissement, la terrasse, même si elle n'appartient pas directement au fond de commerce, est comptée dans le chiffre d'affaire, qui est lié à la possibilité d'ouvrir en soirée. » Une crainte qu'Élisa Martin écarte d'emblée : « La mesure ne concerne pas les cessions, on sait bien que la vente d'un établissement est liée à son chiffre d'affaire, notamment réalisé grâce à la terrasse. En cas de changement de propriétaire, l'horaire de fermeture ne redescendra pas à 22 heures. »

Réflexions sur la vie nocturne

Et si les gérants de restaurant et de débit de boisson montent au créneau, les autres commerçants ne voient pas non plus d'un très bon œil le développement des nouvelles terrasses proposé par la ville. « Elles sont installées sur des places de stationnement et restent en place même l'hiver, quand elles ne sont pas utilisées » regrette Frédérique Pierrot, présidente de l'Union des commerçants du centre-ville. « Cela pose des problèmes d'accès pour les gens qui veulent venir en centre-ville. »

De son côté, la mairie appelle au dialogue, dans cette « première étape d'une politique de la vie nocturne qui évoluera pendant l'année 2017 » au travers du fonctionnement des terrasses, mais pas seulement. « Nous réfléchissons également à la mise en place d'un zonage selon le caractère plus ou moins animé de certains espaces » précise Élisa Martin. Un système qui modulerait selon les secteurs les règles de fonctionnement des établissements.

Pour l'heure et avant d'aller plus loin, reste à rétablir la communication entre la municipalité et les commerçants, qui semble quelque peu amochée, comme le suggère la position des professionnels, vent debout contre la mesure. Aymeric Ponsart : « L'ensemble du métier est en train de payer pour ceux qui font mal leur boulot. On ne lâchera rien. »


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