Ensemble, c'est tout (animé) !

Soufflant cette année ses cinq bougies, Voir Ensemble, l'excellent festival jeune public organisé par le cinéma le Méliès, s'est construit une solide réputation d'oasis poétique et éducative pour toute la famille. Le programmateur Marco Gentil nous présente son (déjà grand) "bébé".


Concevoir, rassembler, unir, découvrir, transmettre… Tels sont les termes qui reviennent le plus dans la bouche de Marco Gentil, le programmateur de Voir Ensemble, pour définir ce festival organisé par le cinéma le Méliès depuis 2013.

Tout est parti d'une ambition assumée : transformer Les Rencontres cinématographiques en un “vrai” festival, intégrant une compétition et des films inédits. « L'idée première, la notion centrale, c'était “se voir ensemble” ; grâce à cette spécificité de la salle de cinéma qui permet de découvrir des films avec d'autres spectateurs et de partager des émotions. » Un projet en résonance avec la ligne éditoriale du Méliès – lequel fait partie de La Ligue de l'Enseignement de l'Isère et propose tout au long de l'année moult rendez-vous autour de l'éducation à l'image.

Pour les petits et l'écran

L'avénement de Voir Ensemble s'inscrit dans un contexte actuel des plus favorables pour le cinéma d'animation. Longtemps ghettoïsé, ce dernier séduit aujourd'hui séduit un public grandissant grâce à son inépuisable capacité d'émerveillement et d'intelligence : le succès dans les salles (plus de 720 000 entrées à ce jour) de l'excellent Ma Vie de Courgette, en lice pour les César et les Oscars, en atteste.

Mais le film franco-helvétique de Claude Barras n'a rien d'un cas isolé. Il complète la liste prestigieuse (et non exhaustive) des acteurs de ce ce renouveau qualitatif à la française, où l'on retrouve Michel Ocelot (Kirikou), Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (Phantom Boy), Rémi Chayé (Tout en haut du monde) ou Jean-François Laguionie (Louise en Hiver, Le Tableau) – « l'un des plus grands auteurs hexagonaux » selon Marco Gentil. Tous ont naturellement participé aux précédentes éditions du festival, lui permettant ainsi de fidéliser ses spectateurs et d'asseoir son influence…

Il y a donc de quoi faire avec les Français. Mais bien sûr, Voir Ensemble ne boude la production internationale. Pour preuve : La Vengeresse, du corrosif Bill Plympton, fait ainsi partie de la sélection cette année. En programmant des œuvres, plutôt destinées à des ados ou des adultes, du cinéaste étasunien, Voir Ensemble revendique sa volonté de s'adresser à tous les membres de la famille.

Et de n'oublier rigoureusement personne : « On essaie d'ouvrir le spectre, mais aussi d'aller vers les tout-petits » ajoute Marco Gentil. De fait, le festival ne cible pas que les 6-12 ans (à qui il propose de participer à des jurys primant les films en compétition), il accueille aussi les “primo-spectateurs”, à l'occasion de séances parents-bébés, où les familles peuvent venir avec leurs bambins. « On baisse le son du film, on prévient les autres spectateurs dans la salle qu'il y a des bébés qui peuvent faire des gazouillis. Ça permet de déculpabiliser le parent et de voir un film pour lui avec son enfant dans les bras. »

Demandez le programme !

Et sinon, que verra-t-on sur les écrans du Méliès pendant ces onze jours de festival ? La thématique de 2017 semble faire écho au fond de l'air (musical) qui fait swinguer les salles de ce début d'année – voyez (avec les oreilles) le carton réalisé par La La Land –, puisque Marco Gentil a opté pour un univers “en chanté”, pour reprendre l'expression de Jacques Demy. De l'auteur de Lola et des Parapluies de Cherbourg, on pourra ainsi revoir une copie 35mm du méconnu Joueur de flûte, preuve que Voir Ensemble ne se pose aucune barrière sur les genre, époque ou technique utilisée.

À signaler également Jun, la voix du cœur, animé inédit de Tatsuyuki Nagai, ainsi qu'une rétrospective du réalisateur et producteur belge Arnaud Demuynck (Le Vent dans les roseaux, La Chouette entre veille et sommeil).
Et puis en clôture (et en avant-première), nous aurons droit aux Contes des sables d'or des frères Guillaume, un film réalisé au cours d'un atelier avec des enfants handicapés. Japon, Russie, Belgique, États-Unis, autant d'évasion sans billet d'avion ? C'est presque indécent.

5e Festival Voir ensemble
Du mercredi 22 février au samedi 4 mars au Méliès


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