"Les Figures de l'ombre" : et encore un biopic gros sabots

de Theodore Melfi (É-U., 2h06) avec Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe, Kevin Costner…


Les Figures de l'ombre, c'est la trajectoire de Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson, brillantes mathématiciennes à la NASA durant les années 1960, dont les contributions permirent à l'aérospatiale d'effectuer des avancées décisives. Tout en combattant la ségrégation au quotidien, car elles étaient noires…

Alors que la société étasunienne semble n'avoir jamais été autant proche de succomber à ses pulsions rétrogrades, Hollywood continue de produire des biopics édifiants et formatés, idéalisant (héroïsant parfois) des personnalités issues de la société civile.

Quand Jeff Nichols ose le drame réaliste et pudique avec Loving, Theodore Melfi chausse les gros sabots d'une hagiographie convenue, farcie de répliques sur-écrites pour donner une apparence de comédie, de retournements moralisateurs ainsi que de personnages secondaires tellement archétypiques et manichéens qu'on n'imagine même plus les trouver dans des scripts d'apprentis scénaristes.

Ces gugusseries semblent, heureusement, avoir fait leur temps : le public comme les votants de l'Académie des Oscars plébiscitent désormais des approches plus crues des choses. Peut-être ont-ils compris, avant les studios, que certains sujets historiques ne souffraient guère le badinage naïf, ni les grosses ficelles. Prochaine étape, la fin de la mode du biopic ?


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