« C'est déstabilisant d'entendre un français si transformé »

"Comment va le monde ?", c'est un drôle de spectacle entre clown et théâtre interprété par la comédienne Marie Thomas. Un seul-en-scène dans lequel elle s'amuse avec la langue pour emmener le spectateur vers un monde poétique et plus politique qu'on ne l'imagine. Interview avant son passage vendredi 10 mars à la Faïencerie (La Tronche).


Sur scène, vous réinterprétez les textes du "clown clochard" Sol. Qui était-il ?

Marie Thomas : Sol, créé par le comédien Marc Favreau, était un clown québécois de la génération, chez nous, des Devos, Coluche… Pendant trente-quarante ans, il a fait évoluer et grandir son personnage, en commençant par des petits sketches pour les enfants à la télé avant de passer au solo au théâtre. Il écrivait alors ses textes : des textes fabuleux qui donnent un air clownesque à celui ou celle qui les interprète. Car son langage est particulier, on ne peut pas le dire comme on dirait Shakespeare !

D'où une expression, et vous concernant un jeu, presque enfantins…

C'est vrai que ça peut faire penser à des enfants qui apprennent à parler, qui recomposent des mots tout en gardant du sens… Ça amène le cerveau à entendre les mots, et du coup les pensées, autrement. Il y a ainsi beaucoup de poésie, et même de philosophie, de réflexion…

Une réflexion presque politique sur le monde, comme le suggère le titre du spectacle…

On part de l'individu qui arrive au monde pour, à la fin, montrer sa vision de ce monde dans lequel il évolue. Les textes ont été écrits dans les années 1980 : ce qui est terrible, c'est qu'on se rend compte qu'il n'y a pas grand-chose qui a changé aujourd'hui.

La langue est riche et parfois très alambiquée. En répétitions, n'avez-vous jamais eu peur de perdre le spectateur ?

À la lecture ça a été assez compliqué. Quand j'apprenais le texte, je me demandais comment les spectateurs allaient pouvoir comprendre ça ! Mais quand on le dit, et du coup quand on l'écoute, ça prend beaucoup de sens, même si c'est déstabilisant d'entendre un français si transformé. Et, avec le metteur en scène Michel Bruzat, on a beaucoup travaillé sur le corps, sur les expressions… Du coup, personne ne sort jamais de là en disant qu'il n'a rien compris – du moins j'espère !

Comment va le monde ?
À la Faïencerie (La Tronche) vendredi 10 mars à 20h30


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