Souvenirs abstraits

En altérant des images par ordinateur, Zoé Bouillet crée une tension entre la figuration et l'abstraction, tel un souvenir nébuleux. Colorés, déformés, les visuels explorent l'illusion de la réalité, pour des "Visions alternatives" à découvrir au Bauhaus bar.


Altérer le réel par le prisme de l'ordinateur, comme la mémoire peut le faire avec le temps sur les parois de notre inconscient, telle est la démarche plastique déployée par Zoé Bouillet sur les murs du Bauhaus. Avec ses Visions alternatives, l'artiste grenobloise sonde non seulement la matière visuelle mais également la matière psychique. En déformant et/ou colorant des images, elle crée une sorte de tension entre le vrai et sa projection subconsciente, jusqu'à la fusion des deux visions qui glisse alors sur des ondulations semblables aux lignes de l'Allemand Wolfgang Tillmans.

De formes organiques aux nuances pastel en visages striés par le noir, elle livre une vérité autre où le psychédélique flirte avec le souvenir, dont la forme est presque palpable. Avec cette véritable distorsion de la réalité dans l'ombre du passé, Zoé Bouillet offre des fragments de poésie en mouvement entre abstraction et figuration, inscrits dans un interstice temporel poreux qui brouille les pistes du tangible. L'artiste interroge ainsi notre détermination à s'ancrer dans une réminiscence concrète ou bien à se laisser « dériver vers des visions alternatives », pour un raisonnement qui dépasse le cadre d'un simple graphisme séduisant.

Visions alternatives
Au Bauhaus bar jusqu'au jeudi 6 avril


<< article précédent
Martin Provost : « Je me suis beaucoup remis en question avec "Sage femme" »