"Werewolf" : loups-garous égarés

de Ashley McKenzie (Can., 1h20) avec Andrew Gillis, Bhreagh MacNeil, Kyle M. Hamilton…


Anciens toxicos sans feu ni lieu, Blaise et Nessa galèrent pour trouver de quoi acheter leur dose quotidienne de méthadone. Les petits boulots sont rares et les tentations de replonger, immenses. Quelques coups de pouce donnent l'énergie à Nessa, quand Blaise s'enfonce…

Âpre et abrupt, ce premier long-métrage du Canadien Ashley McKenzie dresse le tableau cru de plusieurs marginalités conjuguées. Celle des drogués courant après les petits boulots pour assumer la prise en charge partielle de leur programme de sevrage (de ce fait, ils transfèrent leur addiction illicite pour les stupéfiants contre une dépendance morbide au dollar, plus admise). Et puis celle d'un quart monde isolé dans sa misère sociale ordinaire, où subsistent malgré tout des vestiges d'entraide.

Corps détruits, ravagés, peaux marquées par les carences, le manque ou les intoxications ; images traduisant la confusion née des ivresses et de la souffrance… Werewolf n'esthétise pas cette pauvreté semblant ressurgir de la Dépression. Et si elle nous paraît déjà atroce dans ce décor canadien, on frissonne en pensant que pour des personnages vivant quelques kilomètres plus au sud, le combat serait d'avance perdu...


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