Dotée d'un corps cybernétique augmentant ses capacités humaines, le Major (Scarlett Johansson) a été affectée à la Section 9, une unité d'élite dépendant du gouvernement. Sa prochaine mission vise à combattre un criminel capable de pirater les esprits, mais aussi de lui révéler un passé qu'on lui a dissimulé…
En s'appropriant le joyau de Oshii, Rupert Sanders touche à un tabou. Ghost in the Shell constitue en effet un jalon dans l'histoire des "anime" : il est le premier à avoir été universellement considéré comme un film "adulte" (en tout cas moins familial ou jeune public que les Takahata et Miyazake) ainsi qu'une œuvre de science-fiction visionnaire, dans la lignée des adaptations de Philip K. Dick ou Asimov. Sa narration elliptique, intriquant anticipation et tensions géopolitiques, ajoutée à son esthétique élégante et épurée, l'ont érigée en référence d'un futur dystopique… dépassé.
Car depuis vingt ans, EXistenZ, Matrix puis la réalité virtuelle ont rattrapé certaines des projections de l'anime. Sanders et ses scénaristes l'ont donc "déshabillé", conservant l'essentiel de sa trame, avant de le reconstruire en version augmentée. S'ils ont simplifié l'intrigue (remplaçant les rivalités inter-étatiques en un conflit commercial plus diplomatiquement correct), ils ont su préserver et réintégrer les séquences visuellement remarquables. Elles surgissent comme des déja-vus (les "glitchs" parasitant la conscience du Major) pour ravir les nostalgiques, déjà conquis par la présence d'un Kitano parlant dans son idiome.
Enfin, si la facture de l'ensemble est belle, la 3D confine une fois encore au gadget et prouve sa surpuissante inutilité. N'en déplaisent à leurs zélateurs, certaines prétendues améliorations technologiques demeurent de jolis leurres…
Ghost in the Shell
de Rupert Sanders (É.-U., 1h 46) avec Scarlett Johansson, Takeshi Kitano, Michael Pitt, Juliette Binoche…