"Django" : accords et désaccords sur le cas Django Reinhardt

de Étienne Comar (Fr., 1h55) avec Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya…


Producteur inspiré de Timbuktu ou Des Hommes et des dieux, Étienne Comar passe ici à la réalisation pour un bien étrange biopic inspiré par sa fascination pour l'œuvre, la musique et la personnalité de Django Reinhardt – campé par un Reda Kateb appliqué, impeccable aux six-cordes durant le premier quart d'heure (le meilleur du film). Ce portrait au classicisme suranné se focalise en effet sur la période de l'Occupation et donne l'impression de chercher à exonérer le guitariste jazz de son insouciance d'alors en le transformant en proto-résistant, voire en héros de "survival". C'est se livrer à de sérieuses extrapolations au nom de la fiction et/ou de l'admiration. 

Étienne Comar a beau jeu de justifier sa démarche par les béances de l'histoire officielle, une question éternelle se pose : jusqu'où un cinéaste peut-il laisser voguer son imagination sans travestir la vérité, fût-ce en invoquant une licence artistique ? Sur l'écran d'argent, une légende dorée a tôt fait de s'imprimer et de passer pour incontestable si elle n'est pas présentée comme une variation ou une hypothèse : le risque existe que l'image du personnage prenne le pas sur la personnalité-source. En l'occurrence, mieux vaut écouter les rares enregistrements de Django.


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