Zahia Ziouani : « La direction d'orchestre est un milieu très cloisonné »

Avec l'orchestre Divertimento, la diversité joue sur toutes les cordes : instrumentales, musicales et humaines. Une liberté artistique et une ouverture sur l'autre menées avec brio par Zahia Ziouani. Rencontre avec la cheffe avant son passage à la Rampe d'Échirolles pour "D'une rive à l'autre...", concert présenté comme un « hommage à la Méditerranée ».


Depuis 1998, vous dirigez l'orchestre symphonique Divertimento avec lequel vous êtes de passage à la Rampe jeudi 4 mai avec D'une rive à l'autre. Au programme, du classique mais aussi des chants traditionnels algériens, libanais… C'est important pour vous le métissage sonore ?

Zahia Ziouani : Oui. C'est la démarche de ce programme : montrer que la musique dite classique est très diversifiée. Il y a beaucoup de compositeurs qui se sont inspirés d'autres cultures, des musiques populaires d'Europe de l'Est, d'Amérique du Sud, même parfois du flamenco, des musiques provençales, de Grèce, de Turquie… C'est ces liens que l'on veut dévoiler.

On trouvait intéressant de montrer à travers un même programme le cheminement entre les musiques classiques et les musiques traditionnelles qui les ont inspirées. En fait, la musique classique n'est pas renfermée sur elle-même, elle a toujours été connectée au monde.

L'ouverture musicale va au-delà du répertoire puisqu'à l'année,  vous travaillez sur différents territoires, vous menez de nombreuses actions pédagogiques... Est-ce que la transmission permet une démocratisation de la musique classique ?

En tout cas, on y travaille. L'idée est de montrer que cette culture appartient à tout le monde, qu'elle est commune et qu'elle fédère des diversités sociales, culturelles, intergénérationnelles, dans un même concert. Du coup, on réalise des activités sur des territoires variés : en périphéries des grandes villes comme dans des grandes salles de concert, on ne priorise pas les territoires...

En décembre 2006, vous avez été récompensée pour votre parcours dans le cadre des « Trophées de la réussite au Féminin ». Ressentez-vous une responsabilité sur ce sujet ?

Une responsabilité, je ne sais pas. Mais c'est vrai que, malheureusement, la direction d'orchestre reste encore un milieu assez conventionné, très cloisonné, où il est difficile de s'imposer quand on est une femme.

L'orchestre va sur tous les territoires pour faire découvrir la musique aux jeunes mais aussi pour montrer cette diversité culturelle et humaine. Et le fait d'être moi-même une jeune femme, j'espère que ça permet à d'autres jeunes filles de s'identifier, de pouvoir se projeter. J'ai grandi dans un quartier populaire, je me nourris d'une double culture et j'ai envie de montre que c'est possible de s'autoriser de grandes ambitions pour que les jeunes puissent se projeter.

Donc oui, il y a une responsabilité. En tout cas je me la donne car j'ai eu la chance d'avoir des parents présents, à mon tour d'être présente auprès des jeunes pour leur permettre de rêver.

D'une rive à l'autre… Hommage à la Méditerranée
À la Rampe (Échirolles) jeudi 4 mai à 20h


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