Musée de Grenoble : « Aller au plus près de la population »

En 14 ans, le Musée de Grenoble s'est aventuré par douze fois hors de son enceinte. La dernière excursion, qui commence ce mercredi 10 mai, se joue à la bibliothèque Abbaye-les-Bains avec l'exposition "Au rythme des formes". Un programme artistique hors les murs qui connaît un franc succès à chaque fois. Nous avons rencontré Pierre Bastien, médiateur au musée, pour en savoir plus.


Pour sa 12e édition, le projet hors les murs du Musée de Grenoble investit la bibliothèque Abbaye-les-Bains, elle aussi à Grenoble. Quel est l'intérêt d'un tel dispositif ?

Pierre Bastien : L'idée est de faire le chemin inverse du chemin habituel : là, c'est le musée qui se déplace avec, à chaque exposition, des œuvres des collections permanentes qui sont exposées dans un lieu de proximité : une bibliothèque de quartier, une MJC, un centre social…

L'idée est vraiment d'aller au plus près d'une population qui vit dans un quartier qui n'est pas forcément très fourni en équipements culturels et de toucher des visiteurs qui ne viennent pas au musée pour toutes sortes de raisons. C'est l'occasion d'une rencontre.

En quoi cette rencontre est-elle différente de celle vécue au musée ?

Si on se contente d'accrocher des œuvres et de dire « venez les voir », ça n'a aucun sens. Le projet hors les murs, c'est à la fois monter une exposition, qui est différente chaque année, et travailler en partenariat avec l'ensemble des acteurs du quartier.

Comment s'organise une exposition hors les murs ?

On commence toujours par choisir le lieu où sera présentée l'exposition, sachant qu'on essaie d'aller un peu partout dans Grenoble. Puis on rencontre l'ensemble des acteurs du quartier : associations, maisons des habitants, MJC… On parle de la venue de l'exposition et on choisit une thématique. Puis l'équipe du musée se charge de faire une sélection dans les collections.

On se rencontre en amont tous les deux mois environ pour sensibiliser les gens sur place à l'art et à la thématique de façon à ce que les professionnels soient des passeurs. Comme ça les publics sont sensibilisés avant la venue de l'exposition et peuvent même proposer des ateliers en lien avec l'exposition – des lectures, du théâtre… Une vraie liberté est donnée.

Qu'est-ce qu'une telle expérience sur le terrain apporte au musée ?

À chaque fois, on se rend compte que c'est un événement qui crée une émulation dans le quartier. C'est l'occasion pour les gens sur place de travailler ensemble, ce qui finalement n'arrive pas si souvent.

Après, sur le temps de l'exposition, ce qui compte c'est les rencontres. Il y a toujours au moins un médiateur du musée sur place. Et chaque année, il y a des moments forts. Parfois, des gens nous disent que c'est la première fois de leur vie qu'ils voient un tableau. C'est vraiment des beaux moments du point de vue de l'humain et du sensible.

Et au-delà de cette première rencontre, l'idée est de faire connaître les collections du musée, la maison-mère. Ces liens que l'on tisse avec les professionnels sur place, on les conserve. Du coup, il y a des publics qu'on accueille aujourd'hui au musée après une première rencontre via ce projet hors les murs.

Des liens aujourd'hui tissés à la bibliothèque Abbaye-les-Bains autour de la musique avec l'exposition Au rythme des formes, qui présente des peintures et des sculptures. Pourquoi ce choix ?

On a choisi la musique car c'est un peu la carte d'identité de la bibliothèque. Elle organise des concerts, des scènes ouvertes, et elle a un fonds musique. On a fait une sélection de dix œuvres du XXe siècle en lien avec cette étiquette musicale. Les expositions hors les murs, ce sont toujours des œuvres du XXe siècle parce qu'on a un fonds très important et que ça nous permet de montrer des pièces qui sont en réserve le reste du temps.

Et pour faire écho au thème, il y aura de nombreuses animations dont un temps fort le vendredi 19 mai avec le bal des Barbarins fourchus. Et c'est aussi l'occasion pour commencer à fêter les 20 ans de la bibliothèque, qui seront célébrés à l'automne 2017.

Au rythme des formes
À la bibliothèque Abbaye-les-Bains jusqu'au mercredi 7 juin


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