"Solide Mirage" : les beaux mirages de Frànçois & The Atlas Mountains

Zoom sur le nouvel album du (passionnant) groupe français avant son passage par le Belle électrique jeudi 18 mai.


Piano Ombre, le fantastique troisième album de Frànçois & The Atlas Mountains, ayant clos une trilogie qui avait installé le groupe sur la carte du rock hexagonal (et même plus), un nouveau départ s'imposait pour François Marry & co. On peut même dire qu'il s'est imposé de lui-même dans le contexte d'une installation bruxelloise de leur leader, d'un changement de line-up (Pierre Loustaunau et Gérard Black sont partis, David Nzeyimana est arrivé) et de la tragique actualité qui a secoué 2015.

Voilà donc Solide Mirage, disque au titre en forme d'oxymore qui, dès son premier extrait en single, annonçait une nouvelle tonalité. Une basse sévère, des guitares en boucles, un thème grave (celui des migrants fracassant leur rêve sur notre Occident si peu accueillant) : ainsi s'avance ce Grand dérèglement qui ouvre l'album et pourrait aussi être pour le groupe un aveu de changement de cap où le politique le disputerait à la poétique si particulière d'un François Marry en apparence moins rêveur et plus observateur (du quotidien, de l'actualité, et de la vie au cœur de l'Europe).

Un dérèglement volontaire qui, sur le disque, se traduit par petites touches  : pas de chant en anglais cette fois-ci, une approche plus directe, une drôle d'embardée grunge sur le tranchant Bête morcelée, et une prise de pouvoir prépondérante de l'électronique dans certaines compositions (100 000 000, Âpres Après).

Malgré tout, puisqu'il faut que tout change pour que rien ne change, la légèreté proverbiale du groupe, rythmique comme mélodique, et le chant empreint de naïveté de François Marry laissent toujours, comme avec le calypso d'Apocalypse à Ipsos, même au plus fort des ténèbres, entrer la lumière, la bienveillance et l'espoir. Un autre sens peut-être à donner à ce mirage : celui que malgré tout, les choses pourraient un jour aller mieux. Un solide mirage auquel Frànçois & the Atlas Mountains nous permettent de nous accrocher.


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