Festival Magic Bus : de tout pour faire un monde

Pour sa seizième édition, le fameux festival grenoblois étend sa programmation sur trois jours, sans dévier pour autant de la ligne éditoriale – conviviale et consensuelle – sur laquelle il a bâti son succès et sa réputation.


Selon le point de vue où l'on se place et l'approche que l'on défend, il serait potentiellement facile de hausser les sourcils à la vision de la programmation de cette nouvelle édition du festival Magic Bus. Après tout, l'immense majorité des groupes qui la composent se sont déjà produits à de nombreuses reprises à Grenoble, et ses têtes d'affiche partagent pour la plupart le même lustrage sonore bien propre, du genre à ne surtout pas effaroucher l'auditeur lambda peu friand de voir ses repères perturbés par la moindre aspérité sonore.

On pourrait jouer les puristes donc, défenseurs farouches et acharnés de formes musicales plus instables, plus radicales, plus novatrices. Mais ce serait se tromper de combat. D'abord parce que les différentes formations présentées peuvent pour la plupart servir d'étapes intermédiaires, de "portes d'entrée" qui mèneront par la suite les oreilles curieuses vers des univers artistiques plus complexes et ambigus.

Ensuite parce que ce serait snober les qualités musicales intrinsèques tout à fait honorables des formations en question, et plus encore la qualité indéniable de leurs performances scéniques.

Enfin parce que, fidèle en cela aux objectifs défendus depuis toujours par l'association organisatrice Retour de scène-Dynamusic, le festival Magic Bus constitue avant tout un formidable moyen d'exposition du vivier musical local, qui composera d'ailleurs l'intégralité de l'affiche du concert du jeudi soir à l'Ampérage.

À l'affiche

Le jeudi soir à l'Ampérage (une nouveauté de cette année), on pourra ainsi découvrir le rap énergique et tout terrain de DLC, MC et beatmaker en activité depuis 2008 et fondateur du crew S-Kro S, qui après avoir mis ses collaborateurs à l'honneur avec ses deux volumes de Featotherapy, dévoilera d'ici peu sa nouvelle mixtape P4ternel. Mais également les confluences musicales inédites de The Next Tape, trio grenoblois entremêlant influences soul, trip-hop, nu-jazz et post-rock à des beats électroniques décharnés rappelant les premiers jeux vidéo, et enfin l'électro crossover très dans l'air du temps du duo lyonnais Trinix, d'ailleurs signé depuis peu chez Sony Music

Quant à la soirée du vendredi, à l'Esplanade, elle mettra à l'honneur une certaine vision "fusionnelle" des musiques du monde avec la « world-bass » des locaux de Radio Goulash, la chanson mondialisée de Zoufris Maracas, le « bossa muffin » de la Brésilienne installée à Paris Flavia Coelho, et surtout la cumbia fédératrice de l'irrésistible Argentine La Yegros (en photo), sûrement l'un des temps forts du festival.

Le samedi enfin, toujours à l'Esplanade, c'est le hip-hop qui mènera la danse, avec le très dansant duo de DJs/beatmakers reggae-hip-hop de Saint-Étienne L'Entourloop, le rap franchouillard à la bonne humeur communicative de la bête de scène Gérard Baste, et les productions léchées entre jazz, funk, pop et hip-hop du DJ/producteur Guts, qui viendra pour l'occasion les sublimer en format live band. Sans oublier en première partie le flow lancinant et singulier du charismatique MC grenoblois L'Apprenti, démiurge d'un univers très personnel teinté de reggae, de rock et de trip-hop.

Festival Magic Bus
Sur l'Esplanade et à l'Ampérage du jeudi 18 au samedi 20 mai 


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