"Un homme de trop" : il était un Costa-Gavras monumental

Mardi 30 mai, Mon Ciné à Saint-Martin-d'Hères organise une ciné-rencontre dans le cadre des "Rendez-vous de la Résistance 2017" autour de ce thriller de guerre sorti il y a cinquante ans. On vous explique pourquoi il faut absolument le (re)voir.


Longtemps absent des écrans pour de tristes questions de droits (mais aussi, sans doute, du fait de son échec lors de sa sortie en 1967), Un homme de trop, deuxième long-métrage de Costa-Gavras, est à nouveau visible : Arte l'a édité en coffret DVD, mais surtout vous auriez tort d'en manquer la projection en salle. Restaurée par Lumières Numériques, sous la supervision de Costa-Gavras en personne, la splendide copie rénovée de ce thriller de guerre vous en fait apprécier les nuances esthétiques, à la hauteur de sa subtilité morale. Une subtilité d'avant-garde, à tout le moins iconoclaste pour le public de l'époque, sous narcose gaullienne, encore occupé à assimiler la réconfortante légende d'un pays majoritairement résistant – Ophüls s'apprêtait à tourner Le Chagrin et la Pitié et Paxton à publier La France de Vichy.

Un homme de trop commence par un coup de force : celui d'un groupe de maquisards libérant des geôles nazies douze hommes sur le point d'être fusillés. Mais en recomptant leur groupe, ils s'aperçoivent que ce sont treize rescapés qu'ils ont délivrés. Qui est l'individu surnuméraire ? Est-il un espion, un traître ? Faut-il l'exécuter par sécurité, ou bien l'intégrer parmi la résistance à l'occupant ? Difficile de trancher tant l'olibrius (magnifique Piccoli) semble se jouer de la situation, prendre la défiance de ces hommes comme sa propre vie avec un détachement souverain. Interprété par un luxueux bataillon de comédiens (jeunes premiers de la Nouvelle Vague, seconds rôles et vétérans confondus), ce monument exhumé, à la réalisation d'une précision virtuose, s'achève par une scène finale vertigineuse, à vous dissuader à jamais d'emprunter un viaduc. Rien à ajouter, ni à ôter à ce film…

Un homme de trop
À Mon Ciné (Saint-Martin-d'Hères) mardi 30 mai à 18h30


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