"Marie-Francine" : retour en grâce pour Valérie Lemercier

Valérie Lemercier célèbre la rencontre de deux quinquas bouillis par la vie dans une comédie sentimentale touchante ranimant les braises d'une délicatesse désuète. Un beau couple de personnages qu'épouse un duo d'acteurs idéal : la cinéaste et l'extraordinaire Patrick Timsit.


Tuiles en cascades pour la quinquagénaire Marie-Francine : son mari la quitte pour une jeunette, elle perd son boulot de chercheuse puis doit retourner vivre chez ses parents (et supporter leurs manies hors d'âge). Une éclaircie tempère ce chaos : sa rencontre avec Miguel, un cuisinier attentionné traversant peu ou prou les mêmes galères qu'elle. Et si le bonheur était à venir ?

On avait laissé, pour ne pas dire abandonné, Valérie Lemercier seule face à la Bérézina que constituait 100% Cachemire (2013), film trahissant un essoufflement ultime dans sa mécanique de comédie. Comme une fin de cycle en triste capilotade. Changement de ton et de registre ici avec ce qui pourrait bien être la plus belle réussite de la cinéaste : sous l'impulsion de sa coscénariste Sabine Haudepin, Valérie Lemercier sort en effet de sa zone de confiance, au-delà de l'aimable charge contre les bourgeois – plus prévisible que corrosive chez elle. Certes, elle s'octroie également le (petit) rôle de la jumelle snobinarde de Marie-Francine, clone des emplois qu'elle a mille fois tenus, mais ce doit être pour faire une concession à sa base de fans. Et (peut-être ?) se résoudre à lui faire ses adieux en douceur.

Patriiiiick !

Engagé sur les rails hasardeux d'une comédie de caractères inspirée par la problématique des enfants-boomerang (comme Retour chez ma mère, avec décor studio de série et frictions générationnelles intégrées), Marie-Francine bifurque soudain, se transformant en une attachante bluette dès l'irruption de Miguel, campé par Patrick Timsit : on en oublie de sourire pour considérer sans ironie ni dérision la belle histoire sentimentale en train de cristalliser entre ces deux personnages cabossés, qui à bien des égards rappellent les héros ordinaires de Pourquoi pas nous ? (1981) de Michel Berny.

Avec son calme olympien et sa simplicité bienveillante, Miguel sied à merveille à la nature profonde du comédien, aux antipodes du côté dynamite volontiers recherché par la plupart des réalisateurs – à ce jour, Coline Serreau demeurait l'une des rares à avoir approché sa tendresse et sa délicatesse dans La Crise. Il n'est pas exclu de penser que beaucoup vont (enfin) le découvrir dans ce film.

Marie-Francine
de et avec Valérie Lemercier (Fr., 1h35) avec également Patrick Timsit, Hélène Vincent, Philippe Laudenbach…


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