Mais pourquoi la passerelle Saint-Laurent est-elle dans cet état ?

Voici plus d'un an que la passerelle Saint-Laurent, qui enjambe l'Isère à hauteur de la vieille ville, s'est parée de barrières métalliques ni très esthétiques ni pratiques. Et voici plus d'un an que l'on se demande : à quoi peuvent-elles bien servir ? Réponses – et annonce de fermeture temporaire même !


Un dimanche comme un autre : un cycliste roule à fond sur la passerelle Saint-Laurent, klaxonne les passants qui lui bouchent le passage. Ces derniers ronchonnent, n'obtempèrent pas, et tout le monde s'énerve. Sympa. Car ce pont enjambant l'Isère, jusqu'alors paisible, est aujourd'hui devenu un point de friction. Les hideuses grilles posées dessus en décembre 2015 rétrécissent considérablement le passage et sont souvent attaquées. Le coût des travaux de réparation (20 500 € HT) égale presque celui de l'installation (24 550 € HT).

Pourtant, elles ont une utilité. Elles sauveraient même la vie des Grenoblois. Depuis 2005, « les inspections détaillées des ouvrages d'art ont mis en lumière la nécessité d'intervenir pour réparer la passerelle » nous explique-t-on du côté de Grenoble Alpes Métropole, qui a récupéré la compétence voirie (auparavant municipale) le 1er janvier 2015. Mais ce n'est qu'à l'automne 2015 que des spécialistes alertent sur les « pathologies structurelles ». Dans la foulée, des travaux de mise en sécurité sont commandés, et deux plaques de métal sont posées aux deux extrémités du pont. Le fameux grillage est également installé.

Fermeture temporaire

Aujourd'hui, la métropole sait exactement de quoi souffre la passerelle. Attention, passage technique : la dalle de béton qui compose l'édifice subit une « corrosion foisonnante sur certaines parties ». En gros, en sautant sur la passerelle au mauvais endroit, l'imprudent pourrait traverser le pont et finir dans l'eau. De plus, cette dalle n'est pas armée avec des treillis soudés (sortes de grilles de métal), mais repose sur un platelage d'acier (de la tôle ondulée) vulnérable. « Par ailleurs, la charpente métallique est constituée d'ensembles de pièces de liaison dont certaines sont dans un état de corrosion avancé. Et les peintures sont concernées par la présence d'amiante et de plomb » due à la précédente rénovation datant de… 1909.

Ce cumul de problèmes va donc entraîner un chantier long et périlleux, le désamiantage nécessitant la construction d'un cocon afin d'empêcher les produits toxiques de chuter dans l'Isère. Le nettoyage va d'ailleurs être tendu assure Grenoble Alpes Métropole : « Les principaux risques identifiés sont liés aux aléas climatiques en lien avec l'échafaudage de confinement pouvant déstabiliser l'ouvrage, voire le faire s'effondrer. » Rassurant.

Selon le planning, la passerelle sera donc fermée pendant un an, avec une fin de travaux prévu courant 2018 – tout est encore flou. Le coût sera conséquent – 2, 8 millions d'euros ont été votés. Pendant la rénovation, il faudra donc emprunter les autres ponts, ce qui a le don d'énerver les commerçants de Saint-Laurent. À moins que la Métro ne mette en place des barges, comme au temps de nos ancêtres ?


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