Uriage ouvre la voix avec Thomas Fersen, Féfé ou encore Léopoldine HH

Dernier festival de l'été, Uriage en voix célèbre, deux jours durant (samedi 2 et dimanche 3 septembre, le tout gratuitement), la chanson française pas comme les autres. Entre têtes d'affiche et découvertes, la même ligne directrice : la voix de traverse.


Le prodige réalisé par Uriage en Voix, c'est que le festival tient tellement à clôturer la saison des festivals d'été qu'il en vient à sonner l'appel d'une rentrée musicale qui, il est vrai, aux premiers jours de septembre, est encore un peu sur le reculoir – compter mi-septembre pour les premiers ébats dans les salles de musique de jeunes (et encore, en mode mal réveillé).

Avec toujours ce souci pour le festival sis au parc d'Uriage (la vie est bien faite) de donner de la voix là où s'inscrit le décalage avec ce que l'on appellerait la norme (un-e chanteur-euse, des paroles, de la musique). Ceci en programmant des artistes peu enclins à garder le doigt sur la couture de ce pantalon nommé chanson française – et pourquoi la chanson française ne serait pas un pantalon ?

Après le bouffeur de mots Bertrand Belin et la (très, trop?) Grande Sophie l'an dernier, Uriage fait cette année appel, en guise de tête d'affiche, à un type, Féfé, qui depuis ses débuts, y compris avec le Saïan Supa Crew, défroque la chanson à coups de rap-reggae (ou le rap à coups de chanson), et d'un poète détraqué d'un autre genre que Belin, aux chansons pleines de créatures et de situations fantastiques ou banales, voire souvent les deux : Thomas Fersen.

Pousser la chansonnette

Uriage montrera également que la relève est assurée avec la chanson slamée et douce-amère de Ma Pauvre Lucette (déjà présentée en ces pages au printemps) et l'über-fantasque Léopoldine HH (photo), jolie fleur (en pot, titre de son album Blumen Im Topf) vue à la Nouvelle Star il y a quelques saisons, avec sa tresse bavaroise et ses envolées foutraques, poussée entre Camille, Björk, Nina Hagen et Kurt Weill au « whiskey bar », Alsacienne quadrilingue (français, anglais, allemand, alsacien donc) picorant chez des auteurs comme, entre autres, Olivier Cadiot.

Pas moins loufoque, saugrenu, tarte ; bref tout ce qu'on voudra : le duo Oskar & Viktor qui s'occupe, en mode accordéon-voix, de reprendre les standards de la chanson française (Dassin, Lapointe, Bourvil, Johnny), « poussant la chansonnette comme on pousse le bouchon » selon le discours officiel. On dirait même plus : comme on pousse dans ses retranchements. À croire que c'est dans ces retranchements, ceux de la chanson et du parc d'Uriage, que le festival entend réveiller la rentrée.

Uriage en Voix
Au Parc d'Uriage samedi 2 et dimanche 3 septembre


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