A Place to Bury Strangers : rock sans frontière

« "Court circuit", ce sont des dates proposées en partenariat par l'Ampérage et la Belle électrique, deux salles voisines qui avaient envie depuis longtemps de proposer une programmation éclectique faite de découvertes. » Une initiative qui débutera ce jeudi 26 octobre à l'Ampérage avec du rock, du bon, du lourd.


S'il fallait matérialiser une frontière à la limite du shoegazing (un sous-genre du rock alternatif) et du post-punk, alors les musiciens américains de A Place to Bury Strangers feraient sans doute office de garde-barrières, un pied de chaque côté de la ligne pointillée et armés de leur arsenal de pédales d'effet. Il faut donc imaginer quelque chose se baladant à l'intérieur du spectre sonique allant de My Bloody Valentine (cet amour indéfectible pour le larsen élevé au rang d'art) à Joy Division (ses relents occultes et ses rythmes au pas de l'oie) en passant par The Jesus & Mary Chain (ses nuages noirs et ses éléphants roses) et qui, sans doute à égalité ou juste en dessous des précités Valentine, peut se targuer d'être le groupe le plus généreux en décibels et le plus "acouphènogène" du circuit rock.

D'aucuns diront qu'il faut voir là une manière de masquer un défaut d'originalité, ou les limites d'un trio pour lequel le son et le niveau sonore (un deuxième album baptisé Exploding head) importent plus que les chansons – ce qui n'est pas tout à fait vrai et pourrait être reproché à tout ressortissant du mouvement ou du revival shoegazing. Car ne serait-ce que sur le dernier album du groupe de Brooklyn, Transfixiation, on dénombre quelques tubes en puissance (What we don't see, We've come so far), enfouis sous les décombres du mur du son. Un groupe qui continue donc, après plus de dix ans d'existence, de porter haut la formule de son assourdissante bipolarité.

A place to bury strangers
À l'Ampérage jeudi 26 octobre à 20h


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