"Jalouse" : Karin Viard, tout simplement

de David & Stéphane Foenkinos (Fr., 1h42) avec Karin Viard, Anne Dorval, Thibault de Montalembert…


Nathalie est bizarre en ce moment : elle éprouve le besoin de tancer en public sa charmante fille à peine majeure ; elle dénigre une jeune collègue et ne loupe pas une occasion de causer du tort à ses proches qu'elle envie pour tout et rien. Sa névrose serait-elle due à la pré-ménopause ?

Pour leur premier long, les frères Foenkinos s'étaient rassurés en adaptant un roman de David, La Délicatesse, pour un résultat mitigé – malgré François Damiens. Partant ici d'un scénario original, ils semblent avoir davantage pensé leur narration et leurs personnages pour le cinéma, c'est-à-dire en laissant aux comédiens la possibilité de les investir. 

Karin Viard excellant dans les emplois de râleuse-déprimée-déboussolée (revoyez La Nouvelle Ève ou Reines d'un jour), sa présence prédatrice s'imposait au centre de cette toile d'araignée. Bien contrebalancée par un aréopage de partenaires solides (même si certain·e·s, comme Anaïs Demoustier, auraient mérité plus d'espace), l'actrice oscille à la merveille dans ce qui s'annonçait pareil à une comédie banale mais se révèle peu à peu comme un drame rongé par la gêne et l'angoisse. Grâce à cette bascule, Jalouse sort du champ du prévisible, si peu fécond.


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