"C'est tout pour moi" : joyeuse Nawell (Madani)

de Nawell Madani & Ludovic Colbeau-Justin (Fr., 1h43) avec Nawell Madani, François Berléand, Mimoun Benabderrahmane…


Encore un "self-biopic" ? Et d'une stand-upeuse en plus, qui malgré son jeune âge (34 ans) prétend nous narrer son incroyable parcours contrarié vers le succès ? En effet. Mais défiez-vous des a priori : en dépit d'un argument cousu de fil blanc et d'un charmant égocentrisme bien canalisé, Nawell Madani signe une très agréable comédie autocentrée, avec la dose de distance, de dérision et de griffures pour éviter le prospectus ou le mélo, qui de surcroît tient sur la longueur. Combien "d'épopée" d'artistes s'essoufflent après vingt minutes ayant duré sept heures ?

Nawell Madani s'est certes nourrie d'épisodes réels pour construire son film, mais la part de vécu authentique comme le contexte de la découverte de sa "vis comica" importent peu,  l'essentiel étant que le personnage qu'elle interprète à l'écran ait une cohérence dramatique solide. Singulièrement, ce n'est pas la battante, la performeuse efficace ni la belle plante qui ressort de ce portrait, mais la candide ; la jeune femme sincère dont une meute de vautours aux aguets (escrocs et/ou confrères de la scène) profitent sans complexe. 

Quant à sa mise en lumière des coulisses des "comedy clubs", nids de rivalités misogynes et de mesquineries sournoises entretenues par des producteurs négriers, elle ne va pas contribuer à rehausser l'image du milieu de la scène stand-up, récemment entamée par la révélation de pratiques de plagiats. Là, il n'y a pas de quoi rire…


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