"Un homme intègre" : on ne lâche Iran !

de Mohammad Rasoulof (Ir., 1h58) avec Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee, Nasim Adabi…


Que ce film porte douloureusement bien son titre ! Car il vaut à son auteur Mohammad Rasoulof de se retrouver une nouvelle fois inquiété par les autorités de Téhéran, lui qui avait déjà par le passé écopé d'une peine de prison après une œuvre co-réalisée avec Jafar Panahi, jugée critique à l'égard du régime… Primé lors du dernier Festival Cannes, Un homme intègre cause peut-être de profonds ennuis au cinéaste iranien mais, effet Streisand oblige, met l'accent sur sa situation en incitant à examiner avec acuité ce que son film dit – et de quelle admirable manière.

On y découvre le combat digne de l'obstiné Reza, éleveur de poissons qui, pour défendre son bon droit face à une compagnie privée aux méthodes crapuleuses, refuse d'entrer dans le système institué de la corruption locale, bien que lui et sa famille risquent lourd.

Le réalisateur iranien dresse ici le portrait d'une petite communauté rurale fort peu avenante : un ramassis d'hypocrites serviles, corrompus et combinards aux ordres d'un potentat mafieux. Très éloignée donc des dogmes moraux revendiqués par les mollahs. Des plans secs, sans effets, et une image à la photo d'une beauté hivernale nous immergent dans les tourments de ce héros de western persan (c'est du pur matériau pour Eastwood ou Peckinpah), harcelé de toutes parts. Un témoignage édifiant et surtout la confirmation-consolidation de cette nouvelle génération de cinéastes iraniens à laquelle appartient également Fahradi.


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