Normandie nue

de Philippe Le Guay (Fr., 1h45) avec François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison…


Pour attirer l'attention du monde entier sur sa commune où les éleveurs et paysans n'en finissent plus de crever à petit feu, un maire accepte la proposition d'un artiste américain souhaitant photographier ses concitoyens nus dans un champ. Il lui reste juste à les convaincre…

Transposer la démarche de Spencer Tunick sur une communauté en pleine lutte sociale, voilà qui aurait pu faire un bon Ken Loach. Sauf que c'est un Philippe Le Guay (Les Femmes du 6e étage, Alceste à bicyclette, ...). Et que le cinéaste français a des ambitions de téléfilm, préférant à une comédie à enjeu dramatique des plans brumeux bucoliques, une surabondance de protagonistes vêtus de chemises à carreaux et des sous-intrigues de clocher éculées. Certes, pour la caution sociale, il glisse bien de-ci de-là une allusion aux cours de la viande, à la concurrence germano-roumaine, aux grandes surfaces ou encore à l'usage des produits phytosanitaires, mais cela pue l'alibi comme une fosse à purin.

Le Guay semble avoir en outre la même vision étriquée de la campagne que le personnage du néo-rural – un pubard parisien, interprété par François-Xavier Demaison, tentant à son corps défendant un calamiteux retour à la terre. On s'attend d'ailleurs à ce que la fille de ce dernier raconte l'histoire, puisqu'elle porte la voix off ouvrant le film, avant de plonger dans un méli-mélo ne pouvant se réclamer de "l'énonciation chorale". Pauvre Normandie, pauvres paysans et pauvre Fraçois Cluzet, qui surjoue au lieu d'"être".

S'il faut retenir une chose de ce film : privilégiez les circuits courts.


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