Johanny Bert : « Dans "Le Petit bain", la mousse est comme une grande marionnette »

Forme courte (30 minutes) accessible aux enfants dès deux ans, "Le Petit bain" est une véritable merveille visuelle (et l'un des meilleurs spectacles jeune public de l'année) confrontant un danseur et une mousse en quantité. En découle un « ping-pong d'images » sans parole orchestré par le metteur en scène Johanny Bert, qui a répondu à nos questions de grands enfants éblouis.


Ces dernières années, on a souvent vu vos spectacles sur les scènes de l'agglo (Krafff, Hansel et Gretel, L'Opéra du dragon…), mais c'est la première fois que vous proposez une création pour le très jeune public…

Johanny Bert : J'avais depuis longtemps envie de faire un spectacle pour les tout-petits, avec la responsabilité de se dire que ce sont des enfants qui viennent peut-être pour la première fois au théâtre. Quand je crée pour le jeune public, j'ai la sensation d'être à la fois beaucoup plus libre dramaturgiquement que quand je travaille pour un public adulte, et à la fois je trouve ça plus difficile et exigeant. Et j'avais aussi envie de me rapprocher de cette sensation de découverte vécue enfant quand je suis allé au théâtre pour la première fois.

Ce Petit bain est présenté comme un spectacle jeune public, mais il est finalement tout public car les adultes peuvent prendre autant de plaisir que les enfants...

Tout à fait. Quand on dit spectacle jeune public, le terme n'est pas juste : c'est un spectacle tout public, mais seulement on donne un âge à partir duquel le rythme, le propos et la forme peuvent être accessibles à un enfant.

Pourquoi avoir choisi de construire le spectacle autour de la mousse ?

Je cherchais à travailler sur l'abstraction. La mousse est venue comme ça, comme un souvenir de môme quand je jouais avec dans ma baignoire. Mais j'ai retiré de ce souvenir tous les autres éléments – salle de bain, baignoire, eau… – pour ne garder que cette matière qui est un peu magique comme elle est très légère, éphémère…

Et j'ai aussi vu là-dedans l'idée des nuages qui bougent, dans lesquels on devine des silhouettes humaines, des animaux… Tout ça a fait shaker dans ma tête pour arriver à cet énorme bloc de mousse qui donne un spectacle qui n'est pas vraiment du théâtre, comme il n'y a pas d'histoire, mais qui est plus une sorte d'installation, de performance avec un homme qui confronte son corps avec une matière transformable.

Vos précédents spectacles convoquaient l'art de la marionnette et du théâtre d'objet. D'une certaine façon, il y a aussi de ça avec la mousse du Petit bain

Oui. C'est comme si cette matière était une sorte de grande marionnette, même si elle ne figure pas de personnages. Une marionnette qui, d'ailleurs, ne réagit jamais de la même façon selon les représentations et l'eau, plus ou moins calcaire, de la ville utilisée ! Donc l'interprète, qui est un danseur, est à chaque fois obligé de transformer un peu l'écriture de la pièce…

Depuis les premières représentations, aucun enfant ne s'est aventuré sur scène pendant le spectacle pour plonger dans la mousse ?

Non, jamais ! C'est marrant d'ailleurs… Je pense pourtant qu'ils en ont tous envie, et les adultes aussi, mais peut-être que la masse de mousse est tellement irréelle que cela crée une distance. Il y aurait une vraie baignoire avec un peu de mousse dedans, peut-être que là on aurait été confrontés à ça !

Le Petit bain
À la Rampe / la Ponatière (Échirolles) dimanche 28 janvier à 11h et 16h et lundi 29 janvier à 16h30


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