Olivier Cogne : « En 1968, les Jeux olympiques ont fait de Grenoble le centre du monde »

Avant la grande soirée d'anniversaire des 50 ans des Jeux olympiques de Grenoble prévue le mardi 6 février, on a rencontré Olivier Cogne, directeur du Musée dauphinois et commissaire de l'exposition "Grenoble 1968, les Jeux olympiques qui ont changé l'Isère" qui sera lancée le même jour. Il revient sur l'histoire de la manifestation sportive qui, en plus d'avoir contribué au développement spectaculaire du territoire, a fait de Grenoble un musée à ciel ouvert.


Mardi 6 février, Grenoble commémorera officiellement (et en grandes pompes) le cinquantenaire du lancement de ses Jeux olympiques d'hiver : une manifestation symbolique pour le Musée dauphinois. « Depuis 4 ans nous travaillons sur notre exposition Grenoble 1968, les Jeux olympiques qui ont changé l'Isère, comme la période correspond au moment où le musée départemental s'est installé au couvent de Sainte-Marie-d'en-haut » explique le directeur des lieux Olivier Cogne.

« L'exposition racontera notamment les liens intéressants qui existent entre l'histoire des Jeux olympiques et notre territoire. On va revenir sur l'histoire des Jeux olympiques, de l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle, quand certaines personnalités ont souhaité les rénover, comme l'Isérois Henri Didon, proche de Pierre de Coubertin à qui l'on doit la devise olympique. »

Mais avançons jusqu'à la période qui nous intéresse. En 1964, le maire de Grenoble Albert Michallon porte la candidature de la ville aux JO de 1968, qui seront ensuite réalisés par son successeur Hubert Dubedout, devenu maire en 1965. « Pour ces JO, les bâtiments et les équipements ont été créés en l'espace d'un an et demi : un temps record ! Une partie de la population grenobloise n'a pas réalisé l'ampleur de l'événement qui se mettait en forme sous ses yeux. Elle observait ce qu'il se passait étonnée, comme cela a bien été retranscrit par Claude Lelouch dans son documentaire Treize jours en France. »

 « Un héritage urbain considérable »

À l'époque, la population n'est pas au bout de ses surprises. « En 1968, les Jeux olympiques ont fait de Grenoble le centre du monde et ont entraîné une mutation du territoire comme jamais l'Isère n'en avait connue. Toute une partie de l'exposition que l'on va présenter reviendra sur l'héritage urbain considérable laissé par les JO. » Car l'État n'avait pas lésiné sur les moyens. « Il a pris en charge les trois-quarts d'un investissement global de 1.1 milliard de francs. Grenoble s'est alors dotée d'une nouvelle gare, d'un nouvel aéroport, d'une nouvelle caserne de pompiers, mais aussi d'immeubles d'habitation modernes. »

Des quartiers sont sortis de terre, comme le Village Olympique, « venu remplacer l'aérodrome Jean Mermoz, tandis que des stations de ski comme Chamrousse ont connu un véritable développement ». C'est également tout un patrimoine culturel (ou devenu culturel depuis) qui a vu le jour, comme la Maison de la culture (aujourd'hui MC2) et le Stade de glace (aujourd'hui Palais des sports).

Des JO et des sculptures

Il y eut donc le côté pratique des JO (des bâtiments pour les compétitions, pour loger les athlètes…) mais pas que. « À l'époque, l'originalité de la dimension culturelle a appuyé la candidature de Grenoble. La ville voulait se servir des jeux pour renforcer l'art dans la ville. À l'approche de l'événement, en 1967, elle a organisé le premier Symposium de sculpture en France [une manifestation dont le but est de promouvoir la sculpture moderne – NDLR]. » Quinze artistes contemporains sont alors venus réaliser des œuvres dans toute l'agglomération. « Sur le parvis de la gare et face au Musée de Grenoble, il y a les œuvres d'Alexander Calder. Dans le parc Paul-Mistral, Victor Vasarely, le père de l'art optique, avait orné les tribunes de l'Anneau de vitesse [une œuvre aujourd'hui détruite – NDLR]. Pierre Vasarely, le petit-fils de ce grand artiste, nous fera d'ailleurs l'honneur de visiter l'exposition le 28 mars. »

On peut également citer d'autres sculptures réalisées à cette époque comme celle en bronze d'Étienne Hajdu dans le patio de l'Hôtel de ville de Grenoble ou encore la Fontaine Lyrique d'Ervin Patkaï au Village Olympique. Autant d'éléments, dissimulés partout dans la ville, auxquels on risque maintenant de prêter plus attention.

Grenoble 1968, les Jeux olympiques qui ont changé l'Isère
Au Musée dauphinois jusqu'au 7 octobre 2019


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