Altin Gün : turkish delight

Belle révélation des dernières Trans Musicales de Rennes, et véritable curiosité musicale, le groupe néerlando-turc Altin Gün, mené par le bassiste de Jacco Gardner, entend redonner une seconde vie à la scène pop turque des années 1960-1970. Un pari réussi qui fait déjà beaucoup parler. Et beaucoup danser, comme on pourra le constater samedi 10 février à la Bobine.


C'est ce qu'on appelle se faire précéder par sa réputation. À l'heure où l'on parle, le groupe Altin Gün ("jours dorés" en turc), vieux d'un an et quelques poussières d'or, n'a publié qu'un seul et unique single affublé, en mode 45t, d'une simple face B. Rien de plus. Pourtant, sur la foi notamment du bouche à oreille, soufflé par des concerts à travers l'Europe et un passage remarqué aux Trans Musicales, sa réputation ne cesse de gonfler.

C'est aussi qu'Altin Gün, dont l'album est (quand même) annoncé pour mars, est une curiosité à bien des égards. D'abord parce qu'il célèbre une partie du folklore pop turc en le plongeant dans la sauce psychédélique, ravivant la grande période de ce que l'on appela, l'"Anadolu rock", ou "rock anatolien", sise entre les années 1960 et 1970. Mais surtout parce qu'il le fait depuis les Pays-Bas, ce qui n'est pas tout à fait contradictoire quand on connaît l'histoire.

Tout commence fin 2015 avec un certain Jasper Verhulst, ci-devant bassiste de Jacco Gardner, ce Syd « Barette » local devenu Prince d'Orange du psychédélisme. Fin "digger", le gars Verhulst ramène d'une escale musicale à Istanbul une poignée d'incunables micro-sillonnés du cru, siglés Erkin Koray, Selda ou Baris Manço, stars de la période précitée.

Ouverture

De là naît l'idée de monter un groupe rendant grâce à cette musique à cheval sur l'Orient et l'Occident, le passé décomposable et le présent sans cesse réinventé. Verhulst recrute dans son entourage puis se met en quête de deux vocalistes turcophones (car sinon à quoi bon ?) : Erdinç Yildiz Ecevit, également joueur de saz, le luth traditionnel anatolien, et la rousse Merve Dasdemir, membres de l'importante communauté turque néerlandaise.

Signé sur le label suisse Bongo Joe, le groupe se met alors à explorer cette tradition musicale à la forte consonance politique (qui fut finalement bien mise à mal), symbole de l'ouverture de la Turquie au monde dans la seconde partie du XXe siècle, dans le sillage des Cem Karaca ou Moğollar (qui remporte en 1971, le Grand Prix du disque de l'Académie Charles Cros) mais aussi d'un pont tendu entre la culture de la bourgeoisie des villes et celle plus traditionnelle des campagnes – deux mondes, pour ainsi dire.

Or, c'est un peu le même genre de mariage qu'opère Altin Gün en y ajoutant son envie de groove néo-psychédélique. Celle d'Occidentaux d'Europe septentrionale, mais de cultures mêlées, qu'une vénération pour le psychédélisme relie à cet Orient qui en est finalement le berceau.

Altin Gün + Deyosan
À la Bobine samedi 10 février à 20h30


<< article précédent
Végétarisme & co : « On est face à une véritable prise de conscience »