"Les Aventures de Spirou et Fantasio" : il leur manque des cases

de Alexandre Coffre (Fr., 1h29) avec Thomas Solivérès, Alex Lutz, Ramzy Bedia…


Un rat d'hôtel roux déguisé en groom et un journaliste frustré en quête de scoop partent à la recherche d'un inventeur de génie enlevé par un atrabilaire maléfique, désireux de dominer le "moooonde". Et voilà comment déboulent des bulles Spirou, Fantasio, Champignac et Zorglub… Réussir l'adaptation d'une BD au cinéma tient de l'exploit, surtout lorsqu'il s'agit de l'école franco-belge : seul Alain Chabat s'en était tiré sans trop de dégâts – et encore, au risque de défriser la doxa, avec Le Marsupilami et Mission Cléopâtre.

Les raisons expliquant qu'Alexandre Coffre achoppe sont évidentes à la vision de ce film d'aventures bon marché. Par exemple, gratifier ses personnages principaux d'un air ahuri permanent et faire jouer à Alex Lutz (qui avait quelque chose à défendre physiquement en Fantasio) un faire-valoir façon Jar Jar Binks de théâtre de boulevard, c'est peut-être bon pour un public de 6 ans (et encore), mais destructeur pour le reste de l'assistance. Spielberg et Chabat (encore lui), eux, pensent toujours à combiner plusieurs niveaux de lecture parallèles, afin de ne frustrer personne.

Si l'on consent à la licence narrative faisant de Spirou, au tout début, un délinquant, on pardonne moins la médiocrité de sa rencontre fortuite avec Fantasio dans un palace sur fond de rivalité : ce décalque asthénique de la formation du duo Lord Brett Sinclair/Danny Wilde est loin d'égaler la fameuse paire d'Amicalement vôtre ! Privées de l'humour et de l'esthétique de Franquin dont elle semble pourtant se réclamer, ces péripéties molles ne peuvent mettre à leur crédit qu'un personnage : celui de Zorglub à qui Ramzy Bedia donne la juste épaisseur. C'est bien peu.


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