"Lady Bird" : au nid soit qui mal y pense

de Greta Gerwig (ÉU, 1h34) avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts…


Exigeant d'être appelée Lady Bird par son entourage, Christine ambitionne d'étudier à New York. Pour l'heure lycéenne à Sacramento, elle cache ses origines modestes, tendant à se rapprocher de ses condisciples plus populaires et plus huppées. Quitte à trahir ses amis… ou elle-même.

Chronique du tournant du siècle, ce portrait d'une ado aspirant à une vie intellectuellement exaltante, hors d'un ordinaire familial qu'elle toise d'un regard systématiquement dépréciatif, s'inspire du passé de la réalisatrice. Quinze ans après les faits, Greta Gerwig les revisite en effet dans la position de celle qui a franchi les obstacles, figurant aujourd'hui parmi une certaine élite branchée du cinéma. Dans la bande de Noah Baumbach (il partage sa vie) et Wes Anderson (elle partage son producteur), frayant quand ça lui chante avec les studios, la comédienne fait ici ses débuts solo de cinéaste. Qui croirait qu'elle a gravité dans une mouvance alternative au vu du résultat ?

Film indé formaté, avec personnage d'ado de province rebelle, ultra mature mais naïf (ça plaît à NY, LA ou en Europe), enjeu social et premières amours décevantes, cet auto-biopic s'inscrit dans un conformisme consommé qu'aucune audace formelle ne vient jamais secouer. Le choix des interprètes ne brille pas non plus par sa fantaisie : comme dans Brooklyn, Saoirse Ronan renoue avec un rôle à "destinée" (c'est de son âge direz-vous), avec éclosion entre mensonges et désillusions sur les chemins initiatiques de vie. Autre coqueluche du moment, Timothée Chalamet lève le museau de ses livres et murmure quelques phrases en français. Un air de déjà vu ? Gentiment anecdotique, Lady Bird figure pourtant dans la dernière liste pour les Oscars…


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