Orelsan, simple et basique

En proposant un rap facile d'accès et en phase avec le plus grand nombre, Orelsan s'est imposé en l'espace de dix ans comme l'un des artistes français actuels les plus populaires. À l'occasion de son concert déjà complet au Summum, retour sur une ascension menée tambour battant.


Février 2008. Déjà fort d'une petite base de fans constituée via le site web Myspace, le rappeur français Orelsan sort sur YouTube le clip du morceau Changement qui va marquer le début de sa carrière professionnelle. En accumulant les punchlines et les clins d'œil générationnels tous azimuts (télévision, internet, consoles de jeu, DVD, téléphones portables, rap, boîtes de nuit, kébabs, joints et bières), il s'adresse d'emblée à un auditoire bien plus vaste que celui du rap français de l'époque, qu'on imagine difficilement enclin à accueillir à bras ouverts un fils de proviseur venu de Rouen et sorti d'école de commerce.

Pari réussi puisque tout juste un an plus tard sort Perdu d'avance, premier album dans lequel le rappeur décline son univers de jeune branleur provincial désabusé et nonchalant, trompant tant bien que mal son ennui entre fêtes nocturnes et glandouille diurne. Si beaucoup de fans de rap aguerris ne cachent pas leur exaspération, le grand public, lui, se réjouit d'avoir trouvé un artiste du genre auquel il peut enfin s'identifier.

Changement d'échelle

Sur son album suivant, Le Chant des Sirènes, sorti en 2011, Orelsan se rapproche encore un peu plus de la pop : flow et paroles facilement intelligibles, instrus vaguement dans l'air du temps, refrains chantonnés qu'on retient facilement… Et, une fois encore, le facteur d'identification marche à plein volume : ce type au sens de l'observation aiguisé et aux formules bien trouvées, un peu dépressif mais pas trop, un peu rentre-dedans mais pas trop, ça pourrait presque être n'importe qui.

La formule est désormais établie, solide comme un roc : multiplication des projets (film, série télé et albums en duo avec son ami Gringe), métamorphose en profondeur du paysage rap marquée par l'arrivée massive d'une nouvelle génération d'artistes, polémique récurrente liée aux paroles de morceaux de sa période Myspace… Rien ne semble à même d'ébranler Orelsan. Qui confirme et signe une nouvelle fois avec la sortie d'un troisième album plus mature en octobre 2017, La Fête est finie, au titre hautement symbolique et au succès littéralement démesuré.

Orelsan
Au Summum vendredi 2 mars à 20h


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