"Los Adioses" : femme de lettres au bord de la crise de nerfs

de Natalia Beristain Egurrola (Mex, 1h26) avec Karina Gidi, Daniel Giménez Cacho, Ari Albarrán…


Quelques fragments du parcours de la Mexicaine Rosario Castellanos (1925-1974) : ses premiers pas d'étudiante, sa reconnaissance comme poétesse, autrice, intellectuelle féministe et universitaire ; les tumultes de son couple avec Ricardo Guerra, partenaire frustré par le talent de sa compagne… C'est à une figure majeure des lettres mexicaine et de l'affirmation de droits des femmes que Natalia Beristain Egurrola rend ici hommage à travers ce film-patchwork brassant les époques, au risque de chahuter la stricte chronologie. Icône célébrée pour ses prises de parole et ses écrits, Castellanos eut à lutter au quotidien contre la jalousie dévorante de celui qui eût dû être son principal allié – c'est un peu comme si Jean-Paul Sartre, furieux de voir Simone de Beauvoir taper plus vite que lui à la machine et rafler le Goncourt, avait tenté de la boucler dans la cuisine, exigeant qu'elle se consacre exclusivement à la confiture de mandarines. 

Désir d'indépendance, machisme sournois… Ce match tristement connu et peu équilibré est ici arbitré par de nombreuses étreintes apportant un glamour pas forcément nécessaire – les flatteuses scènes d'amour des biopics sont toujours à un souffle du révisionnisme esthétique. Édifiant pour qui ne connaît pas Castellanos, le film semble toutefois piégé entre un désir d'originalité formelle refréné et le besoin de célébrer solennellement son modèle. Cette valse-hésitation l'empêche de sortir du lot.


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