"Deadpool 2" : suite mortelle

de David Leitch (ÉU, 2h) avec Ryan Reynolds, Josh Brolin, Morena Baccarin…


Ayant trop exterminé de malfaisants, Deadpool reçoit en représailles une "visite" à domicile causant la mort de sa fiancée Vanessa. D'abord désespéré et suicidaire, Deadpool trouve une raison de vivre et de combattre. Ainsi que de nouveaux alliés, qu'il recrute dans sa X-Force…

Et si le comédien Ryan Reynolds était en train d'accomplir avec Deadpool, en version ludique et trash, ce que Steven Spielberg avait manqué dans son récent Ready Player One : produire le divertissement adulte célébrant la culture pop dans sa jouissive transversalité absolue ? Incluse dans le cosmos Marvel officiel, mais jouant de la marginalité totale de son personnage-titre pour s'autoriser déviances, provocations et outrages, la franchise possède un enviable statut : Deadpool incarne le "Ça" de la famille, le dépositaire des pulsions inconvenantes, du mauvais goût et de la transgression. L'onanisme, le meurtre, la grossièreté ou le vice sont interdits aux autres boy-scouts ? Lui se délecte de les pratiquer à l'envi.

Usant volontiers d'apartés pour asseoir sa connivence avec le public, flirtant au-delà du vertige avec la mise en abyme, Deadpool/Reynolds multiplie les allusions sarcastiques à tous les référents pop, au point de devenir un métapersonnage débordant les murs de sa propre série, empiétant sur les territoires voisins et trouvant des prolongements jusque dans sa surface promotionnelle. Ce fils (forcément) illégitime de Last Action Hero et Hellzapoppin interagit avec son auditoire ; c'est plus 2.0 que choper des "eastern eggs" cachés comme des pixels morts.

Deadpool ose enfin l'infra-référentiel. Telles ses allusions à Barbra Streisand belle-mère à la ville de l'acteur Josh Brolin (qu'il appelle Thanos soit dit en passant) à travers une citation gratuite de Yentl (1983) : le héros nous fait partager sa découverte d'une similitude entre le titre Papa Can you Hear Me ? et Je voudrais un bonhomme de neige de La Reine des neiges. Pourquoi ? Parce que…


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