Dark Meat City. Livreur de pizzas parfumé à la lose, Angelino voit sa vie changer le jour où, après avoir un peu trop maté une belle donzelle, il percute un camion. Une armée de tueurs détruit son taudis, le forçant à partir en cavale avec son coloc. Au passage, il se découvre des pouvoirs
Apparue avec le millénaire et son cortège de néo-usages techno-ludiques, la maison Ankama héberge une flopée de séries transmédia qui, fort logiquement, trouvent au cinéma un terrain de jeu supplémentaire. Après le réussi Dofus, livre 1 : Julith (hélas passé un peu inaperçu lors de sa sortie en 2016), voici donc un nouvel objet pop-fusion post-moderne tiré de cette galaxie aux inspirations multiples et débridées : entre lanticipation et la dystopie, la jungle urbaine peuplée daliens "undercover" visant à prendre le contrôle de la planète en asservissant les humains rappelle le John Carpenter de Invasion Los Angeles.
Mais aussi la désinvolture vitaminée du Tarantino de Pulp Fiction ne lésinant pas sur les flingues ni lhémoglobine (la violence visuelle nest pas ici éludée, loin sen faut) et prenant autant de libertés quil est permis den voler avec la stricte linéarité du récit. Deux arguments de choix pour conquérir une cible adolescente (en-dessous de 12 ans, ce serait du massacre), sans doute déjà appâtée par la tête de gondole Orelsan / Gringe, duo sélectionné pour prêter sa voix à Angelino et Vinz.
Dans cette historie peuplée de créatures à la physionomie indéterminée, lobjet de toutes les convoitises est lhybride parfait entre un humain et un extra-terrestre ; une sorte de chimère aussi improbable et puissante quun cocktail tequila-saké. Cohérence suprême, Mutafukaz milite aussi pour les vertus du métissage et de lhétérogénéité à travers sa forme auto-zappante et sa conception eurasienne. Preuve que même dans le chaos on finit toujours par trouver un semblant dordre
Mutafukaz
De Guillaume Renard et Shoujirou Nishimi (Fr-Jap, 1h33) animation