Peter Kernel : la nuit leur appartient

Le duo rock suisso-canadien sera mercredi 30 mai à la Bobine, et c'est une excellente nouvelle.


Le deuil est sans doute une chose aussi impossible à mesurer que la taille de la nuit. Et c'est un peu (et même beaucoup) ce qui traverse le dernier album en date de Peter Kernel, The Size of the Night. Lequel constitue une sorte d'exorcisme à la douleur et à l'impuissance face à la perte de leur producteur et ami Andrea Cajelli.

D'abord, le duo helvéto-canadien (Barbara Lehnhoff, Aris Bassetti) a appris à faire sans ce dernier. Et a complètement (ou presque) ouvert son horizon musical et instrumental. Manière aussi de laisser leur art-punk et leur inspiration voguer vers l'évocation de ce trou noir ressenti au fond de l'âme : entre fureur contenue (There's nothing like you), messes noires (Drift to Death), invocations psychédéliques sur lesquelles Barbara Lehnhoff joue les reines de sabbat avec la sensualité torve qu'on lui connaît (The Shape of your face in Space) et failles laissant passer des éclairs de lumière pop inédits jusqu'ici (Terrible Luck).

Avec toujours cette impression que chacun des titres de The Size of Night se rapporte jusque dans son intitulé au funeste événement précité. Jusqu'à The Fatigue of Passing the Night, final d'une douceur absolue (évoquant quelque chose comme du Dean & Britta, autres Bonnie & Clyde, new-yorkais eux, du rock indé) qui finit d'emporter cet album vers les étoiles. Et ce groupe décidément surprenant vers des hauteurs toujours insoupçonnées.

Peter Kernel + Julie Bally
À la Bobine mercredi 30 mai à 20h30


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