Théâtre municipal de Grenoble : « On est au tout début de quelque chose »

Encore des changements du côté du Théâtre municipal de Grenoble qui va accueillir deux artistes en résidence dès la saison prochaine (Pascale Henry et Julie Desprairies). Et va véritablement clarifier la nouvelle ligne artistique qui prend forme depuis plusieurs saisons.


Ça (se) cherche en matière culturelle du côté de la municipalité de Grenoble depuis l'élection de l'équipe Piolle en 2014. Et ça (se) cherche notamment autour de la question du Théâtre municipal, approchée d'abord timidement avant de devenir un axe de travail majeur pour la direction des affaires culturelles de la Ville et l'adjointe aux cultures Corinne Bernard. Avec deux décisions marquantes : celle, en 2015, de véritablement rattacher les deux théâtres du bout du cours Berriat (le 145 et le Poche) au Théâtre municipal (ils étaient auparavant gérés par le collectif d'artistes Tricycle, débarqué houleusement) ; et celle, qui a pris forme progressivement depuis deux saisons, de demander à l'équipe dirigeante de faire une programmation moins estampillée théâtre de boulevard privé – ce qui était le créneau de la salle depuis pas mal de temps.

« Pour moi, un théâtre municipal doit remplir des missions de service public, et du coup il ne peut pas fonctionner comme un théâtre privé. J'étais un peu étonnée du modèle précédent : j'ai donc souhaité, avec l'exécutif mais aussi les compagnies locales, que le théâtre s'ouvre à la création, que ça devienne un outil de travail » nous avait déclaré l'an passé Corinne Bernard dans un dossier consacré à ce sujet.

Deux artistes en résidence

Des changements qui vont être encore accentués la saison prochaine et les suivantes, sous l'impulsion de la mairie qui a missionné David Aparicio, chargé des secteurs théâtre et danse à la Ville et maintenant directeur artistique en charge du projet artistique et de la programmation (du fait de l'arrêt maladie de la directrice Evelyne Augier-Serive), afin qu'il donne corps à ce mouvement. Grosse nouveauté, deux artistes en résidence vont rejoindre l'aventure à la rentrée (même si leur travail en amont a déjà bien commencé, avec notamment la rencontre ces derniers mois de nombreux professionnels du secteur) : la metteuse en scène et autrice basée à Grenoble Pascale Henry et la chorégraphe parisienne Julie Desprairies, qui bosse souvent dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (elle avait postulé en 2015 pour diriger le Centre chorégraphique national de Grenoble – CCN).

Concernant la prog, on nous l'a assuré : fini le théâtre de boulevard, et place au théâtre plus centré sur la recherche et/ou l'émergence. Avec un soin apporté à la scène locale, aux spectacles originaux comme le propose le théâtre depuis quelques années et à l'art se donnant sur l'espace public. On sent ainsi l'envie de David Aparicio de faire de ce Théâtre municipal une place forte de la scène grenobloise, que ce soit via de nombreux partenariats avec des équipements grenoblois (le conservatoire, les bibliothèques, le CCN, le Pacifique, la Cinémathèque…) ou par la recherche de nouveaux financeurs publics pour augmenter le budget (pour l'instant de 600 000 euros, hors masse salariale).

« Il reste encore beaucoup à faire »

Toutes ces évolutions devraient être présentées au public courant juin. Et l'ont été à la presse mardi 29 mai au Théâtre 145 lors d'une conférence réunissant du beau monde sur la photo : le maire de Grenoble Éric Piolle, son adjointe aux cultures Corinne Bernard, les deux artistes en résidence Pascale Henry et Julie Desprairies et le programmateur David Aparicio. Et, dans la salle, pas mal d'acteurs culturels locaux, que ce soit des artistes ou des directeurs et directrices d'équipements culturels grenoblois. Les trois représentants de la Ville de Grenoble ont alors présenté le projet artistique et culturel de cet « équipement de service public » qu'est le Théâtre municipal pour les trois ans à venir – « affirmer le caractère public du théâtre », « donner les clés aux artistes » et « pratiquer des passerelles entre institutions et artistes » comme expliqué dans un document synthétique.

Quant aux deux artistes en résidence, elles ont longuement expliqué le rôle qu'elles comptaient jouer, et que, surtout, elles comptaient faire jouer aux autres artistes. Julie Desprairies : « On est les porte-paroles des artistes. » Elles ont aussi expliqué leur envie d'un Théâtre municipal ouvert, « que les gens sachent que l'on peut venir ici, et pas que pour des spectacles » (Pascale Henry), elles qui, pendant l'état des lieux mené ces derniers mois, ont eu « l'impression d'un théâtre qui se cherchait et d'équipements sous-exploités alors qu'il y a à Grenoble une immense vitalité culturelle » (Julie Desprairies).

« On est au tout début de quelque chose, il reste encore beaucoup à faire » dixit David Aparicio, qui annonce que l'on découvrira tout de même « des signes » du projet dès la rentrée prochaine. On scrutera ça avec intérêt au vu des ambitions affichées.


Suite à la parution de cet article, Pascale Henry a souhaité apporter deux précisions par mail. Les voici :


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