Mélanie Alaitru : « Le projet de la Bobine est extrêmement rare » (et a 20 ans)

Du mercredi 13 au samedi 23 juin, le bar-salle de concert (et beaucoup plus encore) la Bobine, situé dans le parc Paul-Mistral, va fêter les 20 ans de l'association Projet Bob qui le porte. En aficionados réguliers du lieu, on en a profité pour remonter le fil d'une riche histoire, avant de détailler le programme des festivités.


« Notre projet est extrêmement rare si on regarde aussi bien au niveau local qu'au niveau national. Et il se transmet au fil des ans à de nouvelles personnes sans perdre son esprit, ses valeurs, ses envies… C'est donc vraiment un projet collectif » : voilà comment Mélanie Alaitru, coordinatrice générale de la Bobine depuis 2015 (à côté, sur la photo, de Steeve Racine, co-président de l'association Projet Bob), résume l'aventure Projet Bob qui fête ses 20 ans ce mois-ci. Car si le bar et équipement culturel situé dans le parc Paul-Mistral n'est pas si vieux (il a ouvert ses portes en 2010), l'association qui le porte a, elle, 20 ans. Ce que ses membres souhaitent faire savoir en proposant dix jours de spectacles, concerts & co gratuits, et pour la plupart en extérieur, devant la salle.

« En fêtant les 20 ans de l'association Projet Bob, on veut montrer qu'au-delà d'un bar, la Bobine est surtout un lieu de vie associative et culturelle. » Avec, à l'année, de nombreuses propositions artistiques (250 environ), que ce soit dans le bar (apéro-concert, apéro-mix, expo…) ou dans la salle attenante (notamment pour les concerts payants et les spectacles). Mais revenons d'abord en arrière, histoire de bien tout comprendre…

2005 : la première Bobine

Le Projet Bob naît en 1998 à Grenoble grâce à une petite bande de potes répartis entre Grenoble et Besançon. « Ils avaient déjà pour envie de se concentrer sur la découverte musicale et l'émergence » explique Mélanie Alaitru. Pour ce faire, ils organisent différents concerts dans des salles de l'agglo, notamment via leur projet Rues d'ici… chansons d'ailleurs. Mais l'idée d'avoir un coin à eux commence à faire son chemin.

En 2005, ils investissent alors des locaux à Grenoble, près de l'Estacade, dans la cour Charly du 3 bis rue Clément. La première Bobine voit ainsi le jour, composée d'une petite salle de 150 places, de studios, d'un bar-resto et de pas mal de bénévoles. « La base du fonctionnement et le modèle économique sur l'autofinancement ont été posés là-bas. » Notamment les fameuses commissions de programmation animées par des bénévoles – elles sont au nombre de huit aujourd'hui (concert, apéro-concert, apéro-mix, expo, spectacle, spectacle jeune public, apéro-spectacle et slam).

Sauf qu'en 2007, le propriétaire des murs (et de toute la cour) annonce qu'il souhaite vendre (il y a maintenant des immeubles à la place). Fini l'aventure mythique de la Bobine ? Oh que non ! Après une campagne pour trouver un autre point de chute, un accord est trouvé avec la Ville de Grenoble : la nouvelle Bobine va pouvoir s'installer dans l'ancien bowling du parc Paul-Mistral. Mais un réaménagement est nécessaire, avec un gros œuvre chiffré à 1 200 000 euros, la moitié payée par l'asso, l'autre par les collectivités (Ville, Département, Région).

2010 : la Bobine actuelle

Après un chantier de deux ans réalisé par des pros mais aussi des bénévoles (pour les finitions), la nouvelle Bobine ouvre en 2010 lotie d'un bar beaucoup plus grand, d'une salle de 300 places, de quatre studios de répétition, d'un d'enregistrement… Avec un succès tout de suite évident (il y a véritablement un "esprit Bobine" depuis les débuts), grâce notamment au bar qui assure 70% du chiffre d'affaires d'1.6 millions de l'association – les 30% restants venant du restaurant, de la location des studios, de la billetterie pour les événements payants et de diverses subventions (5% pour ce dernier poste).

Un modèle économique qui permet à la Bobine d'assumer sa programmation audacieuse, notamment au niveau musical où les artistes programmés ne sont pas les plus grand public. « Notre ambition n'est pas de remplir la salle à tout prix mais de faire de la découverte avec la volonté d'élargir les horizons musicaux du public. D'où l'importance que nos places ne soient pas chères. »

Aujourd'hui, l'équipe compte 18 salariés en CDI (Mélanie Alaitru a plusieurs fois insisté pour que l'on précise bien que tous les barmen et barwomen sont salariés, ce qui n'était pas le cas au début de l'aventure) et quelque 140 bénévoles. Une aventure qui tourne bien, même si la suite demande encore à être écrite. « Notre modèle économique a atteint un seuil : on ne pourra pas développer le bar ad vitam æternam alors que les charges, elles, augmentent tout le temps. Mais par rapport à d'autres structures culturelles, on ne va pas se plaindre. »

L'un des projets que l'équipe a en tête en ce moment est celui de l'aménagement d'une salle de création à côté de la salle de concert, dans un espace qui sert pour l'instant d'entrepôt aux espaces verts de la Ville. Et ainsi développer encore plus la partie accompagnement de la Bobine. Pour la faire perdurer de très longues années…


Demandez le programme

Pendant dix jours, il va s'en passer des choses à la Bobine (et pas seulement que des houblonnées, rapport au bar) grâce aux anciens et actuels bénévoles et salariés du lieu, et à celles et ceux qui composent chaque commission de programmation. Le mercredi 13 juin sera ainsi vernie une exposition retraçant les 20 ans du Projet Bob afin de revenir en images sur l'histoire de cet acteur majeur de la vie culturelle (et festive) grenobloise.

Les jours suivants, on aura droit à des spectacles en plein air, devant la Bobine, avec notamment du cirque. La musique sera également à l'honneur, avec un apéro-mix de DJ Goodka (dans le bar), un plateau fête de la musique ou encore, histoire de terminer en beauté, une grande soirée festive et musicale le samedi 23 juin mêlant défilé dans le quartier et concerts (Ammar 808 & the Maghreb United, Mecanik Skankers et Les Coureurs de rempart).

Ou comment fêter en beauté (et gratuitement pour le public) « 20 ans d'envolées musicales, de moments inoubliables, de souffles coupés, de danses endiablées, de soirées à refaire le monde, d'instants suspendus, de rires généreux, de questions philosophiques, de blagues de comptoir, de rêves et de poésies, de réflexions, de partages et de rencontres ».


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