Jazz (en) fusion à Jazz à Vienne grâce à Magma

Avec Magma, Christian Vander a opéré dès la fin des années 1960 une petite révolution musicale dont beaucoup ne se sont jamais remis et dont lui-même n'est jamais sorti. Toujours au front, le légendaire batteur aux étranges glossolalies sera à Jazz à Vienne mercredi 11 juillet pour opérer la fusion du Théâtre antique.


À ce jour, en quasiment 50 ans de carrière, Magma a enregistré plus de live que d'albums studio et, de fait, il est peu de personnes qui, pour s'être trouvées un jour à un concert de Magma, toutes époques confondues, n'en ont pas gardé de sérieuses séquelles, plaçant là le groupe parmi les expériences musicales live les plus intenses qui puissent exister. Les plus sérieusement vrillées aussi car un concert de Magma ne ressemble, encore aujourd'hui, à aucun autre.

Sans doute parce que Magma ne ressemble à personne. C'est que son fondateur Christian Vander a été à bonne école, grandissant, grâce à un père musicien, dans le giron direct de grands batteurs tels qu'Elvin Jones (frappeur de Coltrane) et Kenny Clarke, des amis de la famille à l'esprit libre comme l'air. Et quand on se fait offrir sa première batterie par le maverick de la trompette Chet Baker, c'est que l'on est promis à un destin particulier. Plus grand que la vie et au-delà du raisonnable, c'est ainsi qu'ont toujours résonné les projets de Vander, dont l'influence principale reste le free-jazz – la liberté toujours – de John Coltrane.

Zeuhl

Lorsqu'il crée Magma en 1969, il entend faire entrer au chausse-pied dans la capsule Magma Coltrane aussi bien que Stravinski, Carl Orff aussi bien que Zappa ; bref cannibaliser l'avant-garde avec un projet gargantuesque, mélange de rock-progressif, de jazz-rock, de musique expérimentale et de délire 70's. Cette créature de Frankenstein, Vander la baptisera "zeuhl", décrit comme « une sorte de mémoire cosmique en relation avec l'Univers », « l'esprit au travers de la matière », et pour lequel Vander invente un langage tout aussi extraterrestre, le "kobaïen".

Dans ces 70's naissantes où, en matière d'art, les fantaisies les plus folles et les plus expérimentales sont la norme, le succès, d'estime au moins, est immédiat – les albums 1001° centigrades puis Mekanïk Destruktïw Kommandöh donnnent à la fois la température et l'ordre de marche d'un groupe puissant, insaisissable et si influent.

Mais ce sont les concerts, telluriques et volcaniques de la bande à Vander (bande à géométrie variable qui a abrité de prestigieux "kobaïens", comme Didier Lockwood) qui, malgré d'innombrables changements de line-up et coupures, rendent le groupe immortel. 50 ans après, ces prestations live impressionnantes continuent de faire bouillir (désormais jusqu'en Chine) un groupe qui ne marche pas à la Wonder mais au Vander, batteur-démiurge à l'extraordinaire énergie extraterrestre.

Magma + Thomas de Pourquery Supersonic
Au Théâtre antique de Vienne mercredi 11 juillet


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