"Because it dissolves in water" : et voici les bricolages conceptuels de Wilfrid Almendra

Entre sculptures minimales et assemblages rustiques, les œuvres de l'artiste franco-portugais ont investi l'espace du Centre d'art Bastille pour interroger les possibilités de productions alternatives. Visite guidée d'une exposition à découvrir tout l'été.


Réalisée à partir de divers matériaux de construction (verres teintés ou bosselés, carrelage, morceaux de contreplaqué, miroirs...), la série de pièces qui accueille le visiteur du Centre d'art Bastille propose de subtils jeux de lumières et de discrètes illusions d'optique qui se doivent d'être longuement explorés. Variations géométriques sur une trame identique, les œuvres de l'artiste franco-portugais Wilfrid Almendra convoquent volontairement Piet Mondrian (1912–1944), figure tutélaire de la peinture abstraite qui, en son temps, fut très proche de certains architectes modernistes partisans d'une architecture fonctionnaliste, sans fioritures.

Un siècle plus tard, le projet moderniste a pris du plomb dans l'aile et l'architecture défendue par ces avant-gardes est désormais essentiellement réduite au statut de produit standardisé voué à gangrener les périphéries urbaines. Wilfrid Almendra s'en amuse, en récupère les rebuts et leur redonne un supplément d'âme en les intégrant à ses œuvres qui ont l'intelligence de ne pas renvoyer dos à dos plaisir visuel et exigence conceptuelle.

L'art de la récup' et de la légende

On trouve ainsi, dans l'installation qui occupe l'espace central de l'exposition, les ingrédients caractéristiques du travail d'Almendra : la valorisation d'un savoir-faire manuel, un art certain de la débrouille et de la récup', le tout saupoudré d'une dimension conceptuelle non dénuée d'intérêt. C'est d'ailleurs précisément sur une sorte d'apothéose conceptuelle que s'achève la visite avec une antenne énigmatique dont il nous est dit qu'elle émet et pirate la bande FM de manière aussi soudaine qu'impromptue (la veille de notre visite, Skyrock aurait été piraté). Bien sûr, aucun moyen de vérifier ; mais peu importe, car comme disait le cinéaste John Ford, « entre la vérité et la légende, je choisirai toujours la légende ».

À vous de voir si, fordien dans l'âme, vous adhérerez à la légende les yeux fermés (et contribuerez à l'alimenter) ; ou si, peu sensible à la dimension poétique de cette approche conceptuello-déceptive, vous préférerez vous rendre sur le site internet de l'artiste histoire de savoir quels mystérieux contenus peut bien diffuser cette fichue antenne...

Because it dissolves in water
Au Centre d'art Bastille jusqu'au dimanche 30 septembre


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