Avec Tomorrow – installation textile à la Grange Dîmière du Pin, dans le Pays voironnais, l'artiste François Germain (que l'on connaît également comme directeur de la Théorie des Espaces Courbes, lieu d'exposition à Voiron) signe une œuvre remarquable. Et ce pour plusieurs raisons.
D'abord parce que la légèreté de son œuvre contraste singulièrement avec l'imposante majesté – pour ne pas dire lourdeur – du lieu. Longtemps, d'ailleurs, l'artiste n'a pas souhaité répondre à l'appel à projets, considérant – peut-être à juste titre – que le bâtiment restait souvent plus fort que la proposition artistique. Et puis comment concilier la pesanteur inhérente au patrimoine et ses valeurs du passé avec l'appel à l'avenir contenu dans tout art contemporain ? La hauteur de l'édifice écrase-t-elle (toujours…) ce qui reste au sol ?
François Germain a répondu à ces contraintes en les contournant par un subterfuge : évoquer la Sagrada Familia de Gaudi à Barcelone par une architecture textile de quinze mètres de haut, vingt-deux de large et douze de profondeur avec quelque… 600 m2 de lycra !
Une œuvre également remarquable parce que l'opposition initiale au lieu s'est vite transformée en réconciliation, cette « évocation fantasmée » voulue par l'artiste trouvant d'emblée son autonomie à l'aune d'une géométrie très graphique lui permettant tout à la fois d'affirmer que « la spiritualité n'est pas que religieuse », mais aussi – surtout – de montrer autant que de démontrer que, loin du volume et de la courbe, on peut heureusement virtualiser la matière.
Ce faisant, Germain a atteint son but dès lors que son architecture a tutoyé l'asymptote, cette épure verticale restituant à merveille, grâce à l'apparente fragilité du tissu, l'essence même du mysticisme – tant il est vrai que l'on peut être mystique sans être religieux.