"Libre" : un Herrou très peu discret (et tant mieux)

de Michel Toesca (Fr, 1h40) documentaire


Oléiculteur dans la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, Cédric Herrou a recueilli, protégé et nourri les réfugiés arrivés dans son jardin. En récompense, il s'est vu reprocher sa solidarité et son humanisme par les tribunaux en 2017. Au fait, quelqu'un se souvient de la devise républicaine ? Des mois durant, le documentariste Michel Toesca s'est donc immiscé dans "l'intimité" d'Herrou (intimité toute relative quand sa propriété devient camp de fortune pour des dizaines de réfugiés en danger) afin d'expliquer le sens de son combat. Et montrer que loin d'être agresseur ou contrevenant, il est victime de tracasseries judiciaires et d'intimidations policières.

Paradoxalement, l'agriculteur et les nombreux bénévoles de la Roya qui suivent ce que leur conscience de citoyen leur recommande de faire sont davantage dans les clous de la loi que la préfecture qui s'acharne sur eux et s'ingénie à la contourner. Ou que ces forces de l'ordre jouant les gros bras dans une gare, abusant "milicieusement" de leurs prérogatives. N'ont-ils pas conscience que leur mission est inepte et abjecte ? Jouissent-ils à ce point de fracasser de l'étranger et du militant ? Pour agir aussi sereinement, ils doivent se sentir bien couverts...

Mais Libre n'est heureusement pas qu'un constat de douleurs. Entre deux face-à-face, il y a de l'espoir à revendre, des soirées joyeuses, les dessins de Baudoin saisissant la vie et les visages. Bref, l'impression que tout n'est pas perdu quand on reste au fond de soi…

Terminons sur une note moins optimiste. Les déplorables violences psychologiques ou intimidations commises par certains représentants de l'État ont, semble-t-il, inspiré de tristes émules, lesquels se sont crus légitimés dans des agressions physiques contre Cédric Herrou ou ses proches. Ainsi, lors de l'avant-première du 16 septembre dernier au Navire de Valence, le directeur du cinéma a été bousculé par des agitateurs venus perturber la séance. Le glaive de la Justice devrait pour l'exemple s'abattre incontinent sur ces fauteurs de troubles, non ? À moins qu'il y ait d'autres priorités…


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