"Des spectres hantent l'Europe" : et les réfugiés entendent siffler le train

Jeudi 11 octobre, le Magasin des horizons, en partenariat avec le Centre chorégraphique national de Grenoble, diffusera le documentaire "Des spectres hantent l'Europe", dans le cadre de son cycle "C'est un dur métier que l'exil". Un témoignage fort autour du quotidien de migrants, et une vérité brutale.


Pas de voix off mais des cris, des lamentations, des toux… Des plans de pieds englués dans la boue, de chaussures trop grandes pour des enfants, d'incessantes files d'attente pour voir un docteur, se nourrir ou simplement obtenir une boisson chaude. Le tout sous la pluie battante de l'hiver 2016 à Idomeni, en Grèce. Dans le documentaire Des spectres hantent l'Europe, les deux réalisatrices grecques Maria Kourkouta et Niki Giannari plongent le spectateur en immersion dans le quotidien de 15 000 réfugiés syriens, pakistanais, kurdes ou encore afghans bloqués après la décision de la commission européenne de fermer la "route des Balkans". Ces derniers décident en retour d'arrêter les trains de marchandises qui traversent très régulièrement la frontière.

Une révolte que les deux réalisatrices ont captée en images. Ainsi, quand certains migrants ne cessent de scander « open the border » (ouvrez la frontière), d'autres se confrontent politiquement à coups de joutes verbales, ou encore prennent haut et fort la parole contre l'islamophobie. Et pendant ce temps-là, les trains passent et repassent… mais pas les hommes.

« Maintenant silence »

Et puis vient la fin du film, filmée en noir et blanc, où l'on passe du sombre quotidien de ces hommes à des portraits d'eux, sourires aux lèvres. Malgré leurs apparences fatiguées et leurs visages parfois burinés se dessine une once d'espoir. Des images empreintes de lyrisme avec le sublime poème de la co-réalisatrice Niki Giannari lu par la musicienne Léna Plátonos : « Où que tu regardes dans les rues ou les avenues de l'Occident, ils cheminent : cette procession sacrée nous regarde et nous traverse. Maintenant silence. Que tout s'arrête. »

À noter que cette projection se déroulera au Magasin des horizons dans le cadre d'une soirée de rencontres et de discussions baptisée "Les Invisibles, des histoires de migrations". Juste avant la séance, à 18h30, aura ainsi lieu une table ronde avec, notamment, le chorégraphe Rachid Ouramdane autour de son dernier spectacle Franchir la nuit (à voir en novembre à la MC2), qui invite sur scène des jeunes migrants pour évoquer le thème de l'exil.

Des spectres hantent l'Europe
Au Magasin des horizons jeudi 11 octobre à 20h


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