Science frictions au Centre d'art Bastille avec Théo Massoulier et Julie Escoffier

Réunies dans un même parcours, les œuvres des deux artistes récemment diplômés des Beaux-Arts de Lyon (2016 et 2013) entrent en résonance et engagent un dialogue imaginaire entre art, science et animisme.


Intitulée Nanogénèse, l'exposition de Théo Massoulier présentée au Centre d'art Bastille explore de manière poétique l'interrelation entre le naturel et le culturel à travers, entre autres, une série de mini-sculptures que le regard du spectateur finit par apparenter à des micro-organismes. Réalisés à partir de branches, de lichens mais également de morceaux de figurines en plastique ou de circuits imprimés, ces assemblages improbables produisent d'étonnantes hybridations brouillant la limite entre le naturel et l'artificiel.

Exposé à l'entrée sous la forme d'un diorama (mise en scène reconstituant un écosystème à la manière des musées d'histoire naturelle) et plus loin dans une cellule évoquant un cabinet de curiosités futuriste, ce bestiaire démentiel invite à une réflexion sur la place des technologies humaines dans l'évolution du vivant.

Science-fiction et animisme

Si Théo Massoulier porte ainsi un intérêt évident pour les récentes recherches en biotechnologie, il a également été biberonné à la science-fiction et produit des œuvres qui invitent le spectateur à toutes sortes de dérives fictionnelles – tel, dominant le paysage grenoblois, ce monolithe percé d'un œilleton au travers duquel est diffusée la vidéo d'un vortex hypnotique. Un peu plus loin, comme en contre-point, une sculpture évoque un sablier pétrifié et fait face à un autre monolithe – de Julie Escoffier cette fois-ci.

Soucieuse de renouer avec la dimension magique des objets et de la matière, cette artiste, présentée au Cab dans le cadre de la "project room", revendique une approche empirique de la sculpture. Elle expérimente ainsi des équilibres précaires et des réactions chimiques hasardeuses qui donnent à ses œuvres des aspects inattendus, certaines ayant l'air de suinter, faisant ainsi écho à l'environnement immédiat des voutes humides du centre d'art.

Théo Massoulier + Julie Escoffier
Au Centre d'art Bastille  jusqu'au dimanche 6 janvier


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